Partager la publication "[Critique série] NARCOS – Saison 3"
Titre original : Narcos
Note:
Origine : États-Unis
Créateurs : Doug Miro, Carlo Bernard, Chris Brancato
Réalisateurs : Andi Baiz, Gabriel Ripstein, Josef Wladyka, Fernando Coimbra.
Distribution : Pedro Pascal, Damián Alcázar, Alberto Ammann, Francisco Dennis, Pêpê Rapazote, Matias Varela, Javier Cámara, Andrea Londo…
Genre : Thriller/Drame/ Adaptation
Nombre d’épisodes : 10
Diffusion en France : Netflix
Le Pitch :
La mort de Pablo Escobar a ouvert une brèche dans le commerce très lucratif de la drogue, laissant les coudes libres au cartel de Cali qui devient alors très vite l’un des plus importants de la planète. Abreuvant les États-Unis en faisant tourner à plein régime leurs ateliers, les barons s’enrichissent impunément, évoluant beaucoup plus discrètement qu’Escobar, compliquant ainsi les choses à la DEA, qui cherche à stopper le trafic. Salué pour son travail sur l’affaire du cartel de Medellin, l’agent Peña est en charge des opérations…
La Critique de la saison 3 de Narcos :
À la fin de la saison 2, alors que la série disait adieu à son pilier, Pablo Escobar, une question était sur toutes les lèvres : Narcos arriverait-elle à se passer de son personnage principal ? Car plus encore que les deux agents de la DEA incarnés par Pedro Pascal et Boyd Holbrook, c’était bel et bien le Pablo Escobar de Wagner Moura qui cristallisait toute l’attention et qui se posait comme le véritable (anti)héros de la série. Escobar effacé du tableau, qu’allait-il rester ? Qui reprendrait le flambeau ?
Partage des tâches
Sans surprise, ce n’est pas un mais plusieurs personnages qui entendent « remplacer » Escobar dans la dynamique de Narcos, à savoir les quatre chefs du cartel de Cali et l’agent Peña, qui prend au passage de l’importance. Peña qui n’est pas seul, lui qui est ici affublé de deux autres agents un peu têtes brûlées, chargés eux aussi de porter le show afin qu’il ne souffre pas du départ d’Escobar. Mission accomplie ? Globalement, on peut dire que oui, en effet, Narcos a su négocier ce délicat virage sans effectuer de trop importantes sorties de route ou même se prendre le mur.
L’agent Peña tout d’abord prend du grade et voit son temps de présence à l’écran augmenter ainsi que son importance dans le processus narratif. Ce qui donne l’opportunité à l’excellent Pedro Pascal de muscler son jeu tout en faisant preuve d’un sens admirable de la nuance. Charismatique en diable, il est impeccable et contribue non seulement à la puissance émotionnelle du show, mais aussi à son prestige. Ce qui était moins le cas dans les deux premières saisons lui qui devait partager sa part du gâteau avec Boyd Holbrook, qui était tout désigné pour faire office de véritable héros de la série. Côté bad guys, aucun des membres du cartel de Cali, par ailleurs introduits avec plus ou moins d’insistance dans les saisons précédentes, à l’image de Pacho, n’a le charisme ni le magnétisme d’Escobar, mais il faut néanmoins leur reconnaître la faculté d’évoluer dans le bon sens au fil des 10 épisodes. Le fait qu’ils soient quatre donnant aussi l’opportunité au show de se montrer plus complexe et plus choral (ce qui est logique). Surtout qu’à mesure que le récit progresse, d’autres montent en puissance. On pense au chef de la sécurité du cartel, qui devient peu à peu un rouage primordial de l’histoire.
Fin de règne
Si la saison 3 fait preuve d’un mérite certain, elle met néanmoins pas mal de temps à trouver ses marques. Il faut ainsi trois bons épisodes pour que les choses se mettent en route. Trois épisodes de transition où le nouveau décors est posé et où les enjeux se construisent lentement alors que l’ombre d’Escobar fait peser son influence et encourage du même coup le spectateur à regretter l’absence du personnage. Mais passé cette longue introduction un poil laborieuse, Narcos reprend son envol et renoue avec sa verve d’antan, avec une force appréciable. Quand l’étau se resserre autour des patrons du cartel de Cali et que le véritable jeu du chat et de la souris débute, la tension redevient palpable et on apprécie à nouveau la qualité de l’écriture, cette finesse dans les personnages et cette propension à offrir des scènes d’action nourries d’un suspense à couper au couteau. Des morceaux de bravoure, la saison 3 en compte beaucoup. Dès l’épisode 4, un modèle du genre, puis jusqu’à la fin quand vient le moment où on se surprend à avoir oublié qu’un jour, Narcos était la série de Pablo Escobar.
Back to Cali
De prime abord plus posée, moins violente aussi, plus ambiguë, la saison 3 de Narcos brouille les pistes avant de retrouver sa vraie nature. Un nouvel acte réussi, visuellement maîtrisé et porté par des acteurs parfaits, qui s’apparente, malgré ses imperfections narratives, à un joli tour de force. Alors qu’il aurait été légitime de stopper net après la chute d’Escobar, après une saison 2 incroyable, Narcos a souhaité continuer sa route et raconter l’histoire d’un autre cartel. Un cartel en apparence moins « cinégénique » que celui de Medellin. De quoi rendre les choses un peu plus compliquées mais aussi de quoi saisir l’opportunité de se libérer du carcan d’Escobar pour gagner une plus grande liberté. Prochainement, Narcos se focalisera sur les cartels mexicains. Un nouveau défi attend la série, qui a pour elle d’être parvenue à se réinventer. Pas de manière radicale, mais avec suffisamment de goût et d’éloquence pour encourager ses fans à avoir confiance en l’avenir…
En Bref…
Malgré un début un peu laborieux, où l’ennui guette, la saison 3 de Narcos arrive à trouver ses marques. Traversée de nombreux morceaux de bravoure, porteuse d’un suspense intense et incarnée par une escouade de comédiens impeccables, elle fait preuve d’une prestance et d’une assurance qui forcent le respect et s’avère au final (presque) aussi passionnante à suivre que les deux premiers chapitres.
@ Gilles Rolland
Crédit photos : Netflix