En 2003, j’avais publié sous le titre Une Femme trop gaie, biographie d’un amour de Baudelaire (CNRS Editions, 333 p., 20 €), une biographie d’Apollonie Sabatier, « La Présidente », dont la vie bien remplie avait marqué le monde artistique du XIXe siècle. Elle fut à la fois le modèle de la statue scandaleuse, La Femme piquée par un serpent de Clésinger qui représentait un corps saisi en plein orgasme (1847, musée d’Orsay), la destinataire des très érotiques Lettres à la Présidente de Théophile Gautier, et l’animatrice d’un salon que fréquentaient chaque dimanche, notamment, Gautier, Gustave Flaubert, Louis Bouilhet, Ernest Feydeau, Ernest Meissonier, Henri Monnier. Elle fut aussi une femme étonnamment moderne pour son temps, qui mena sa vie suivant ses désirs. Mais c’est Baudelaire qui lui offrit la postérité en lui vouant un amour étrange dont témoignent des poèmes qui comptent parmi les plus beaux des Fleurs du Mal, connus sous le nom de « cycle de Madame Sabatier ».