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Le témoin secondaire, exposition/parcours de Francisco Ruiz de Infante, à la Galerie Fernand Léger d'Ivry-sur-Seine (94)

Publié le 29 septembre 2017 par Onarretetout

Est-ce qu'une oeuvre existe sans spectateur ? Francisco Ruiz De Infante prend résolument le parti contraire. Ses installations montrent d’abord leur technique : fils scotchés au sol, trépieds, chaises, projecteurs, images animées. Si je ne suis pas présent, ces installations n’ont sans doute pas de sens. Elles fonctionnent comme un dispositif prêt à m’accueillir : l’artiste avait donc anticipé ma présence, m’avait donné cette place dans son oeuvre. Je ne parlerai pas de toutes les salles, car le processus se réalise dans chacune. Je m’arrêterai à deux d’entre elles.

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La première où je me suis arrêté un certain temps (car il faut du temps) : sur un fond blanc, un dessin fixe les contours d’un paysage. Puis la vidéo (en couleurs) projetée sur ce fond blanc montre un paysage sous le givre : une clôture, de l’herbe, un arbre. Le mouvement d’un homme dans la vidéo fait tomber le givre. Alors l’image projetée vient coïncider avec le dessin. Le paysage existe-t-il avant le dessin ? Est-ce que le dessin est premier ? Est-ce que les deux coïncident vraiment ? D’autant qu’un miroir convexe posé au sol sur un mur perpendiculaire à celui où est projetée la vidéo nous livre une toute autre image.

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La seconde est une grande salle blanche. Toujours des fils scotchés au sol, des chaises noires, du matériel posé ici et là, en des endroits précis. Ici encore, un miroir, plat cette fois. Quand je traverse cette salle, mon ombre est projetée sur les murs. Mais, d’autres images apparaissent sur ces murs, celles de danseuses qui s’avancent, s’arrêtent, repartent. Par instants, mon ombre se trouve face à ces danseuses ou semble entrer en dialogue avec elles. Leurs regards semblent tournés vers moi. Je peux alors engager une relation avec l’oeuvre qui, à mon sens, ne peut exister que par moi, ou par un spectateur, une spectatrice.

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Les oeuvres de Francisco Ruiz De Infante ont donc besoin d’une présence vivante, elles sont faites pour elle : la chaise vide est donc pour qu’on s’y assoie, le projecteur dessinant une silhouette devant la photo d’une porte ouverte rend possible le franchissement du seuil. Mais j’ai écrit plus haut que je ne multiplierai pas les exemples.

L’exposition est visible jusqu’au 16 décembre 2017 à la Galerie Fernand Léger d’Ivry-sur-Seine (94).


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