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Matteo Mastragostino et Alessandro Ranghiasci : Primo Levi

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Primo Levi de Matteo Mastragostino et Alessandro Ranghiasci   4/5 (20-09-2017)

Primo Levi (128 pages) est disponible depuis le 6 septembre 2017 aux Editions Steinkis

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L’histoire (éditeur) :

 « Vous savez, les enfants, quand j’avais votre âge, j’aimais beaucoup les chiffres... Mais je ne pouvais pas imaginer que j’allais en porter six sur le bras pendant toute ma vie. »
Quelques mois avant sa mort, Primo Levi rencontre les élèves d’une école primaire de Turin, celle-là même qu’il a fréquentée enfant. Comme il l’a fait sa vie durant, il témoigne auprès d’eux de ce qu’il a vécu.
Avec une douce fermeté, il leur parle de l’Holocauste, leur raconte comment il a réussi à survivre à l’enfer d’Auschwitz.
Question après question, les élèves ouvrent les yeux sur cette terrible page de l’histoire du XXe siècle.

Mon avis :

Quelques mois avant sa mort, Primo Levi retourne à Turin dans l’école où lui-même a été élève des années avant que la guerre éclate et que les bombardements détruisent le bâtiment.
Aujourd’hui tout a été reconstruit, la guerre est loin. C’est pourquoi, Primo Levi vient raconter son histoire aux enfants insouciants qui, en voyant ce vieux monsieur, ont bien du mal à l’imaginer héros de guerre. Et pourtant. Il porte encore les marques physiques (174517) et psychologiques de son passage dans le « lager ». 
Résistant, avec son amie Vanda, dans les environs de Samoëns, au col de Joux, il est trahi par l’un des siens et fait prisonnier à Auschwitz où il est affecté au laboratoire (grâce à son diplôme de chimie) lui permettant de passer l’hiver au chaud. Ce privilège, son ami Alberto et le maçon Lorenzo présent sur le camp, sont sans aucun doute ce qui lui ont permis de survivre, tenir et continuer à croire en l’humanité.

 

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Si j’ai vraiment aimé le choix des illustrations en noir et blanc, tout en crayonnés grisés, je n’ai toutefois pas du tout accroché au visages, dont les arrêtes des nez et les yeux ronds (presque vides) m’ont mise mal à l’aise.
A la manière de flashbacks et comme des réponses aux interrogations des enfants, l’histoire de Primo Levi se déroule centrée essentiellement sur son passage au camp de concentration. Il n’y pas de démarcation entre le présent et le passé, et pourtant tout coule tout seul.  On n’est jamais perdu et on passe d’une époque à l’autre avec fluidité et avec soulagement de ne pas rester trop longtemps dans l’horreur. Ces retours réguliers dans le présent permettent de souffler un peu.

 

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On est un peu surpris en découvrant les remarques des enfants et charmé par les réponses de Primo Levi pleines de bon sens et parfois nécessairement fermes. On peut aussi voir l’évolution dans les comportements et le ressenti des élèves qui prennent enfin connaissance de la gravite, de l’horreur de la guerre et l’absence totale de miséricorde de l’homme.

 

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Bande dessinée courte qui va à l’essentiel, Primo Levi est un album de qualité qui rend compte (autant avec les mots terribles que les dessins totalement immersifs) de cette triste réalité et qui rend aussi hommage à l’homme et à toutes les victimes. Matteo Mastragonisto et Alessandro Ranghiasci signent un roman graphique justement dosé entre brutalité et espoir, à mettre entre toutes les mains, pour ne pas oublier et continuer à avoir foi en l’humanité.


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