Une fois plus tard je parlerai
de quelque chose de beau
de douces choses tendres
avec une imperceptible tristesse
un soir quand le ciel se remplira de beauté
quand les maisons se feront grises
et tout sera brouillard
Là sous la pluie
parmi les maisons monochromes
je parlerai de l’empire
des feuilles d’automne
car il sera octobre
Derrière le brouillard
vous vous taisez
le col relevé
les mains frileuses dans les poches
sans lumière comme l’ombre
Et la pluie glisse sur nos têtes nues
sous nos cols
douce tendre pluie
tombe sur les maisons sur les arbres
et le ciel devient toujours plus beau
Et la beauté descendra sur vous
avec une imperceptible tristesse
et vous comprendrez que dorénavant
ce sera toujours l’automne
Agota Kristof (1935-2011), Clous : Poèmes hongrois et français, traduit du hongrois par Maria Maïlat, Editions Zoé, 2016
Poème découvert chez Schabrière – pour inaugurer un mois d’octobre avec quelques lectures à l’Est de l’Europe.
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