Partager la publication "[Critique] COBRA"
Titre original : Cobra
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : George Pan Cosmatos
Distribution : Sylvester Stallone, Brigitte Nielsen, Reni Santoni, Brian Thompson, Andrew Robinson, Lee Garlington…
Genre : Action/Adaptation
Date de sortie : 22 octobre 1986
Le Pitch :
Une mystérieuse secte commet une série de crimes atroces. La police décide de confier l’affaire au lieutenant Cobretti, alias Cobra. Un homme aux méthodes peu conventionnelles qui se pose comme le parfait antidote à la racaille qui gangrène les rues de la ville…
La Critique de Cobra :
Paradoxalement, alors qu’il marque la première petite baisse de régime de Sylvester Stallone au box-office américain, Cobra cartonna en France, devenant son plus gros succès en dehors des franchises Rocky et Rambo. Cobra qui marqua d’ailleurs les retrouvailles de Sly avec George Pan Cosmatos, le réalisateur responsable du furieux Rambo 2 et qui mit directement l’acteur dans le viseur des critiques, qui ne l’épargnèrent pas plus qu’elles ne firent preuve d’indulgence envers le long-métrage. Un film certes imparfait, qui a pris un petit coup de vieux, mais dont la force d’impact et l’imagerie parfois volontairement drôle car soulignée à l’extrême, encouragent néanmoins à y revenir à intervalles réguliers…
La fossile et le marteau
Il faut remettre les choses dans leur contexte pour expliquer Cobra et pour tout particulièrement justifier le modus operandi des bad guys. Des méchants qui sont vraiment très méchants et qui ont pour particularité, quand ils se retrouvent pour élaborer leurs plans machiavéliques dans une sorte de fonderie, de faire s’entrechoquer une fossile et un marteau. C’est alors que le film enchaîne ces séquences, à la longue très drôles, dans lesquelles on voit des mecs visiblement furax taper leurs marteaux et leurs enclumes au-dessus de leur tête. Au milieu des années 80, quand le film est produit, la Guerre Froide bât son plein et c’est tout naturellement que le Russe est désigné d’office pour jouer le méchant dans les films d’action. À peine remis de son combat contre Ivan Drago dans Rocky 4, qui avait dénoté d’une envie de Sly de réchauffer à lui tout seul les relations diplomatiques entre le bloc soviétique et l’Oncle Sam, Cobra rétrograde et sous-entend que les violeurs/meurtriers de l’intrigue ont tous la carte du Parti Communiste. Sly qui avait déjà eu l’occasion de briser du Ruskof, dans Rambo 2 justement, lui qui se posait alors comme l’un des portes-drapeaux les plus représentatifs et appréciés d’un pays qui a de toute façon toujours utilisé le cinéma pour véhiculer ses valeurs.
Un justicier dans la ville
Complètement à la masse, portés sur les méthodes les plus barbares, dénués de pitié et de compassion et communistes, les méchants de Cobra sont les pures raclures du monde. Cobra lui, est l’antidote, comme l’affirme si bien l’affiche. Il débarque avec sa superbe bagnole (c’était vraiment celle de Sly), un cure-dent fiché au coin de la bouche, lunettes de soleil de rigueur et flingue à portée de main. Un peu à la manière de la saga Un Justicier dans la Ville, avec Charles Bronson, et plus globalement des plus virulents vigilante movies du cinéma U.S., Cobra ne fait pas dans la dentelle et ne s’embarrasse pas d’une éthique particulière. De quoi faire passer L’Inspecteur Harry pour un monument de finesse. Parce que si il a toujours démontré d’un solide savoir-faire, Cosmatos n’a rien d’un metteur en scène délicat. Stallone de son côté, a foncé dans le tas en écrivant un scénario (adapté du livre de Paul Gosling) qui ne laissait aucune place à de quelconques nuances, faisant de son personnage un chevalier des temps modernes taciturne et brutal. Même si au fond, Sly s’est aussi arrangé, comme bien souvent, pour mettre un peu de sa sensibilité si appréciable dans Cobretti, notamment à l’occasion de séquences qui permettent au personnage de dévoiler ses quelques failles, devant une Brigitte Nielsen à l’époque transie d’amour pour son bel étalon (italien).
Pas vraiment au niveau des cadors du genre, mais bien plus valeureux que les films des fonds de tiroirs qui à l’époque, envahissaient les rayonnages de vidéo-clubs, Cobra est plutôt classique dans son genre. Le cahier des charges est connu et prévisible. Mais aussi souvent jubilatoire, notamment grâce à quelques punchlines bien senties (comme quand Cobra balance à un terroriste qui veut faire sauter un supermarché : « j’irai faire mes courses ailleurs ») et à des affrontements sans filtre, parfaitement raccord avec les intentions du script. Face à un Stallone hyper iconique, la « gueule » Brian Thompson fait parfaitement le job, bourrin comme c’est pas permis, dans la peau d’un barbare aussi impitoyable que con à bouffer du foin. Non ça ne vole pas bien haut mais ça fait l’affaire. Même plus de 30 ans après la sortie, Cobra conserve ce petit parfum old school qu’il est bon de humer de temps en temps pour se souvenir qu’à défaut de faire preuve d’une quelconque mesure, les mecs, à l’époque, savaient quand même s’y prendre pour bourriner comme des gros veaux.
En Bref…
Gros défouloir qui ne se pose pas de questions et dont l’un des mérites et de marcher sur les traces de L’Inspecteur Harry en poussant tous les compteurs dans le rouge sans avoir peur de sonner hyper réactionnaire, Cobra est un joli défouloir. Le genre de production qui n’existe plus aujourd’hui et qui démontre qu’il fut un temps où l’action au cinéma pouvait sacrément faire mal. Dans tous les sens du terme.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Warner Bros. France