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Chez les heureux du monde de Edith WHARTON

Par Lecturissime
Chez les heureux du monde de Edith WHARTON

Lily Bart 29 ans issue d'un milieu modeste, aime frayer avec la haute société. Ambitieuse et belle, elle souhaite se marier avec un homme riche pour rester à l'abri des aléas de la vie. Elle pense que sa beauté lui facilitera les choses. Elle a quelques noms en vue, mais étrangement, chacun de ses projets échoue, comme si elle savait au fond d'elle qu'elle restait en inadéquation avec l'esprit de ces messieurs et de ce milieu.

Elle sympathise avec Lawrence Selden, un avocat qui tente de la diriger vers d'autres priorités :

"Selden repoussa son chapeau en arrière et la regarda de côté.
- Le succès... qu'est-ce que le succès ? Je voudrais bien connaître votre définition.
- Le succès ?... (Elle hésita.) Mais c'est tirer de la vie tout ce qu'on peut en tirer, j'imagine... C'est une qualité relative, après tout... N'est-ce pas aussi votre idée du succès ?
- Mon idée ?... à Dieu ne plaise !
Il redressa le buste avec une énergie soudaine, appuyant ses coudes sur ses genoux, et, les yeux fixés sur le paysage harmonieux :
- Mon idée du succès, - dit-il, - c'est la liberté personnelle.
- La liberté ?... être libre de soucis ?
- Libre de tout... de l'argent et de la pauvreté, de l'aisance et de l'inquiétude, de tous les accidents matériels. Maintenir en soi une sorte de république de l'esprit, voilà ce que j'entends par le succès.
"

Mais Lily tient à côtoyer les hautes sphères et, persévérante, elle se rapproche de personnages aux intentions troubles. Le mariage lui apparait comme la seule issue, mais, victime des ouï-dires, elle est mise à l'écart, Lawrence Selden lui-même ajoutant foi aux rumeurs.

Le portrait de cette jeune femme est troublant, elle qui tient à vivre dans le luxe et se raccroche à la "stupide cherté de la nourriture et la voyante sottise de la conversation, une liberté de langage qui n'atteignait jamais l'esprit, et une liberté d'action qui ne s'élevait jamais jusqu'au roman.", mais reste trop honnête pour monnayer sa beauté. Elle reste déchirée entre sa moralité et ses ambitions et la fin du roman offre une satire poignante de cette société étouffante du début du XXème siècle !

Un classique qu'on apparente souvent à Henry James ou Jane Austen - en plus sombre- tant la subtilité des portraits se marie à merveille avec l'intrigue ancrée dans le siècle.

Chez les heureux du monde, Edith Wharton, traduit par Du Bos, Charles de Anglais (EU), Arcgipel, archipoche, mars 2017, 498 p., 7.80 euros

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