Une règle malheureusement bien fréquente prétend que les suites de mauvais films d’horreur sont encore pires que l’original. Après tout, comment construire une suite sur du vide ? L’année dernière, Ouija : les origines du mal a corrigé le tir après un premier film complètement à côté de la plaque. 2017 répète le processus avec Annabelle 2 : la création du mal, une vaste amélioration après l’affreux Annabelle en 2014. Alors que ce dernier n’était qu’un tir rapide pour se remplir les poches après le succès de The Conjuring de James Wan, la suite réalisée par David F. Sandberg ne semble pas être un pur produit de marketing. Le film possède des échos du premier film mais fonctionne plus avec une ambiance plutôt qu’avec des effets de peur cheap et médiocres. Annabelle 2 : la création du mal n’est pas parfait mais est bien meilleur que prévu.
Alors que le titre explicite clairement qu’il s’agit d’une histoire d’origine pour une des poupées les plus effrayantes de l’histoire du cinéma, le film établit aussi ses propres personnages et un univers dans lequel jouer, un univers qui se construit en écho avec le film de James Wan. Annabelle 2 : la création du mal est essentiellement un film de maison hantée avec un autre groupe de jeunes filles qui font face à des choses qui surgissent durant la nuit. Dans ce cas, c’est un groupe d’orphelines qui sont autorisées à vivre dans une grande maison isolée quand leur orphelinat ferme. Mené par la Sœur Charlotte, les filles varient en âge mais le focus s’installe immédiatement sur Janice (Taliha Bateman), affaiblie par la polio, et sa meilleure amie, Linda (Lulu Wilson). Tout bon fan de films d’horreur sait pertinemment que le diable prend d’abord possession sur les bons et faibles en premier.
Et donc, c’est Janice qui repère en premier lieu qu’il se passe quelque chose de bizarre dans la maison des Mullins. Samuel Mullins apparaît comme un homme bon et généreux, mais il est surtout inquiet que quelqu’un pénètre dans la chambre de sa fille décédée, Bee. Esther Mullins est elle encore plus mystérieuse. Blessée et alitée, elle fait sonner une cloche à chaque fois qu’elle a besoin de son mari. Janice est la première à observer que la chambre de Bee s’ouvre en plein milieu de la nuit, et puis elle trouve la fameuse poupée. Ces films ont plusieurs thèmes, mais le plus proéminent est celui de la religion qui failli à nous protéger du mal. Sandberg aime faire briller la lumière sur des croix et obtient une imagerie très intéressante dans le dernier acte qui rappelle la crucifixion.
Croyez-le ou non, Annabelle 2 : la création du mal possède ce qui manquait clairement au premier film : un langage visuel puissant. Sandberg et son équipe font un excellent travail à créer une tension à travers des moyens qui force notre perspective à rester avec notre groupe de jeunes filles terrifiées. Alors que leurs yeux s’élargissent et que leurs poils s’hérissent à la vision de ce qui fait ce bruit craquant dans le couloir, les vôtres aussi. Sandberg a conscience que la peur se manifeste mieux à partir de l’inconnu et il en joue formidablement bien avec la lumière et le son. Des chaises qui craquent, des bruit de pas alors que tout le monde est censé dormir, la fameuse cloche de Madame Mullins, tout est brillamment utilisés dans la première partie du film.
Bien sûr, nous connaissons tous ces tours. Et Sandberg sait que nous avons conscience de ces effets. Rarement un film d’horreur a aussi bien joué avec les attentes et la prise de conscience des spectateurs. Sandberg sait que s’il vous montre une porte ouverte d’une pièce sombre, vos yeux vont rester plantés sur le noir, à chercher du mouvement dans les coins du cadre. S’il place Annabelle à l’arrière-plan, personne ne portera attention à l’avant-plan. Il s’amuse avec cette construction durant l’exposition du film. Et puis Sandberg et son équipe lâche la furie dans la dernière demi-heure en construisant certaine des meilleures séquences vues dans un film d’horreur ces dernières années, notamment une se situant dans une grange.
Annabelle 2 : la création du mal n’est pas sans défauts. C’est un peu trop long (109 minutes) et le film pense parfois qu’il compose sa propre logique d’histoire au fur et à mesure qu’il avance. En ce sens, le film se résume plus à une histoire de fantôme raconté autour d’un feu de camp plutôt qu’une histoire d’origine. Un mix d’imagerie religieuse, de parents en deuil et d’enfants affaiblis, ces aspects de légende urbaine aurait permis à Sandberg et au scénariste Gary Dauberman à se pencher sur la folie de leur concept un peu plus. La séquence dans la grange (précédemment mentionnée) est un bon exemple de folie que le film se permet alors qu’il se restreint souvent à prendre des risques. Trop de scènes effrayantes finissent par des jump scares qui ne rendent pas hommage à la tension construite auparavant. Encore une fois, le film se concentre plus sur ce qui pourrait produire ce craquement entendu dans le couloir plutôt que sur le démon qui est en possession des lieux. La plupart du temps, Annabelle 2 : la création du mal comprend cette peur et fait maintenant partie d’une tendance totalement inattendu qui démolit une des plus grandes craintes de cette critique : la suite du film d’horreur.
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