L’adaptation cinématographique de La servante écarlate a ramené dans l’actualité ce livre de Margaret Atwood publié en 1985 et m’a donné le goût de le lire, moi qui ai toujours été éblouie par la plume de cet auteur. Et voilà qu’à court de lecture, je tombe dessus dans la bibliothèque de ma fille où je suis recluse pour travailler à mon prochain roman et, par la même occasion, garder ses deux chats.

Dans cet univers irréel, le temps des Servantes se traîne entre les nombreuses heures d’oisiveté où elles sont confinées à leur chambre, les quelques courses occasionnelles en dehors de la maison qui les héberge, l’assistance à des pendaisons ou à un rare accouchement. Malgré tout ce qui est mis en place pour éradiquer la personnalité de ces femmes, Defred lutte intérieurement pour ne pas perdre tous ses repères, pour ne pas oublier son passé, sa mère, son mari, sa fille, dont elle a été coupée pour devenir procréatrice. Elle combat le découragement qui lui susurre de baisser les bras, d’accepter la mission qui est la sienne, le goût du suicide. C’est à travers son témoignage bouleversant que nous est dépeint l’enfer créé par les hommes qu’on appelle Commandants, gardé par une police intraitable et omniprésente (les Yeux) et défendu par une armée tout aussi redoutable (les Anges). Mais petit à petit, on sent se dessiner les failles, la résistance sourde et secrète d’un réseau, la nostalgie des choses du monde ancien, le besoin de tendresse et d’amour.
Je n’en dirai pas plus puisque de toute façon aucun résumé ne saurait rendre avec justesse l’atmosphère de ce roman magistral, son émotion intense, sa beauté formelle. Je ne peux que vous inciter à le lire.
Margaret Atwood, La Servante écarlate, Robert Laffont, 1987 (pour la version française), 511 pages