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Benjamin Schoos à L'Archiduc, Bruxelles, le 26 octobre 2017

Publié le 26 octobre 2017 par Concerts-Review
Benjamin Schoos à L'Archiduc, Bruxelles, le 26 octobre 2017

Benjamin Schoos à L'Archiduc, Bruxelles, le 26 octobre 2017

Simon Rigot.

Depuis la sortie de "Night love Music Songs", Benjamin Schoos a très rarement eu l'occasion de chanter ses chansons intimistes dans un cadre à la hauteur du style. Son tour de chant ,20 ans déjà avec, notamment, un concert au Botanique immortalisé en DVD, incluait quasi toutes les chansons de l'album. Mais le retrouver dans ce lieu mythique du bas de la ville qu'est L'Archiduc promet de donner aux chansons un lustre particulier.

Dans un Archiduc détendu, nous retrouvons Benjamin discutant avec son complice (et parolier) Jacques Duvall et Alain Berliner, le cinéaste qui a troqué son arriflex pour un iPhone avec lequel il filmera une partie du concert, tandis que Pipou est installé au bar, Fred Jannin près du piano pour ne rien perdre de la prestation en vrai fan, tandis que Chris Cerri, le pianiste, fait les derniers réglages de ses machines (un Nord et un Moog). Petite déception, le superbe piano de l'Archiduc restera muet ce soir, concession à la modernité probablement.

Benjamin entame son tour de chant avec quelques morceaux de "Night Love Music Songs", à commencer par "I Love You" et "Une fille en or", de superbes ballades qui donnent le ton de la soirée. Sur "Un parfum de nostalgie", Benjamin se veut plus crooner, empoignant le micro et susurrant comme Chet Baker dans "You don't know what love is". On est ici au cœur de la mélancolie qui traverse déjà l'album et se retrouve ce soir à L'Archiduc.

On oserait dire que la tragédie du Titanic offre à Benjamin Schoos l'occasion d'une intrigante digression? Dans "Le grand paquebot va sombrer" il est un travesti qui va offrir au capitaine ses derniers plaisirs esthétiques avant le naufrage. Pas besoin de perruque et de costume à paillette. Dans son costume noir de blues brother il donne chair au personnage.

En parfait entertainer (il a pris des cours) il veut nous faire siffler sur "Le maître du monde" où l'ambiance se veut plus proche de Burgalat encore et de leurs influences communes pour les grands orchestrateurs français comme Jean-Claude Vannier ou les musiciens de film comme François De Roubaix.

Après une blague sur RTL que j'avoue n'avoir pas très bien compris , mais qui devait tourner autour du thème de la chanson suivante, il se retrouve roulant seul sur une route du côté d'Arlon , et se trouvant confronté à une multitude de "Conducteur fantôme" avant de se rendre à l'évidence que ne sont pas les Ghost Riders ceux qu'on croit. Pour les amateurs de métaphysique, on touche presque à l'allégorie de la caverne, pour les amateurs de Cinéma on est dans la Matrix des frères, pardon des sœurs (comment on dit des transgenres quand ils sont frère-soeur en fait?) Wachowski

Après nous avoir servi 5 de ses perles pour la nuit, Benjamin déambule dans son riche répertoire pour nous offrir des versions intimistes de ses anciens morceaux, à commencer par un voyage lunaire avec "Visiter la Lune"de "Beau Futur" puis 3 morceaux de son concept Album "China man vs China Girl" sur le catch avec un parolier dont il ne veut plus citer le nom de peur de lasser ;-)

Comme Benjamin est plus fan de Kung-Fu il y a une confrontation entre deux styles , le catch fragile et le Kung Fu espiègle . On n'est pas loin du Gainsbourg de 'L'homme à la tête de chou' dont ils reprennent l'esthétique à travers "Profession catcheur" , "La chinoise" en écho à la Juliet Berto de Jean-Luc Godard comme la chantait Yves Simon au pays des merveilles de Juliet , tout en délicatesse avec une note de mellotron pour terminer sur "China Man vs China Girl": Comme il le dit "ça va faire mal", Benjamin vit le combat comme si c'était le dernier. Enchainement sur ce bel hommage à Thierry Allard, "Le cascadeur" de notre jeunesse. Pris par l'émotion, il doit s'y reprendre à deux fois https://www.youtube.com/watch?v=drvbDW7Ihwg

Après ce moment de recueillement il est temps de faire sonner le tiroir-caisse des droits d'auteurs avec "Je ne vois que vous" , toujours du même album . On se souviendra du duo délicat avec Laetitia Sadier (Stereolab) Benjamin empoigne avec passion son synthé comme si c'était sa partenaire, mais pris d'un besoin pressant il demande à son complice Chris Cerri de nous divertir avec un intermède à la "Luc Baiwir" faisant résonner ses tapis vaguement celtiques dans une des nombreuses grottes ardennaises. Pour contredire sa réputation de piètre entertainer, Benjamin va à son retour nous faire taper dans les mains avec "Une dernière danse" , un autre souvenir de sa collaboration avec Laetitia Sadier. Un hommage à Marc Moulin avec "Je vois dans le noir"- pas un hommage à Gilbert Montagné, se doit-il de préciser, sourire en coin et presque honteux du bon mot - cette chanson écrite par le regretté musicien et son complice parolier de toujours dont Benjamin ne veut plus citer le nom pour ne pas le gêner , Jacques Duvall (Zut, j'ai pas pu me retenir) ayant passé toute la soirée à regarder d'un air goguenard son complice chanteur se débattre presque seul avec ses paroles dont on se demande comment il fait pour les retenir avec autant d'aplomb.

Tant qu'on est dans la mélancolie qui a baigné toute la soirée , on termine avec "A mort L'amour" écrite par "Kivousavez" pour Sylvia Christel et interprété finalement par Marie-France après la disparition de l'actrice hollandaise.

Enfin, pour donner une note légère et ne pas nous laisser repartir avec ce sentiment de mélancolie , la reprise décalée de "no limit" (2 Unlimited) nous donne un indice sur l'origine de la fibre compositrice de Benjamin. On l'imagine bien en 93 se déhanchant dans sa chambre d'adolescent sur ce tube techno en rêvant de gloire.

Au final un concert où la symbiose entre les paroles décalées de Jacques Duvall et les mélodies élégantes de Benjamin bénéficiaient de l'écrin intimiste et prestigieux de l'Archiduc où dans un coin l'ombre de Stan Brenders observe avec bienveillance son héritage perpétuer l'amour de la musique légère que l'on écoute en sirotant l'un ou l'autre cocktail dont ils font leurs spécialités.

Benjamin Schoos à L'Archiduc, Bruxelles, le 26 octobre 2017
Benjamin Schoos à L'Archiduc, Bruxelles, le 26 octobre 2017
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