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[Critique série] STRANGER THINGS – Saison 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] STRANGER THINGS – Saison 2

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Titre original : Stranger Things

Note:

★
★
★
★
½

Origine : États-Unis
Créateurs : Matt Duffer, Ross Duffer
Réalisateurs : Matt Duffer, Ross Duffer, Shawn Levy, Andrew Stanton, Rebecca Thomas.
Distribution : Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Noah Schnapp, Natalia Dyer, Charlie Heaton, Matthew Modine , Cara Buono, Sadie Sink, Dacre Montgomery, Sean Astin, Paul Reiser…
Genre : Science-Fiction/Fantastique/Drame/Thriller
Diffusion en France : Netflix
Nombre d’épisodes : 9

Le Pitch :
Le calme semble être revenu à Hawkins, un an après les événements qui ont notamment vu la jeune Eleven terrasser le Démogorgon avant de disparaître sans laisser de traces… Néanmoins, Will, depuis son retour de l’Upside-Down, n’est plus tout à fait le même. Rigoureusement suivi par un médecin aux motivations troubles, il est assailli de visions cauchemardesques, qui augurent l’arrivée à Hawkins d’un cataclysme à l’ampleur insoupçonnée. De son côté, Mike ne se remet pas de l’absence d’Eleven et cherche désespérément à la joindre, sans se douter que cette dernière veut aussi par tous les moyens le retrouver…

La Critique de la saison 2 de Stranger Things :

Rarement une série n’a autant passionné que divisé. Quand nous vous parlions de la première saison, l’année dernière, Stranger Things n’était pas encore ce phénomène incroyable qu’elle est devenue par la suite. Bien sûr, les choses se sont vite emballées et rapidement, la hype a enflé, encourageant une partie du public à monter au créneau pour critiquer le show et ses aspirations. C’est alors que des mots comme « chef-d’œuvre » et « imposture » ont été associés à l’œuvre des frères Duffer. Les uns louant des mérites que les autres jugeaient comme étant les preuves ultimes d’une supercherie évidente. Contrairement à des séries comme Game Of Thrones ou Breaking Bad (ou même The Walking Dead, il y a longtemps), Stranger Things n’a pas fédéré très largement. Elle a au contraire souligné une cassure entre deux franges du public. C’est notamment pour cela qu’elle est importante. Car elle ne suscite pas de réactions tièdes. Pour ça mais aussi bien sûr car il s’agit, à notre sens, d’une série formidable. Un show qui se devait, à l’heure de son deuxième acte, se montrer à la hauteur de la première saison, sans se répéter et en offrant une nouvelle fois à ses fans de bonnes raisons de s’émerveiller et de vibrer…

Stranger-Things-s2

Who You Gonna Call ?

L’action de la Stranger Things 2 commence un an après les événements relatés dans la première saison. Nous retrouvons avec un plaisir non dissimulé les personnages et très vite, de nouveaux font leur entrée. Paul Reiser notamment, qui campe un docteur chargé de suivre l’évolution des « visions » qui assaillent le jeune Will après son séjour dans l’Upside-Down, ou encore Dacre Montgomery et Sadie Sink, qui interprètent respectivement un jeune homme et sa sœur fraîchement débarqués à Hawkins. Très naturellement, les frères Duffer, évidemment toujours aux commandes, parviennent à nous plonger, en l’espace de quelques minutes seulement, après une introduction mystérieuse et rythmée, dans un monde fait de références et peuplé de personnages souvent attachants, qui à eux seuls, évoquent également l’âge d’or d’un cinéma qui savait divertir intelligemment.
Les héros emblématiques du show, à savoir Dustin, Mike, Lucas et Will, sont aussi de retour, tout comme Eleven, et tous les autres. Des personnages qui ont grandi et/ou mûri et qui, grâce à l’interprétation toujours impeccable d’acteurs investis et franchement tout bonnement excellents, incarnent l’état d’esprit de Stranger Things avec toujours cette même fraîcheur. Une fraîcheur par ailleurs responsable de l’aspect « feel good » d’une série, qui si elle ne se prive pas de verser gentiment dans l’horreur ou l’épouvante, conserve néanmoins tout du long une naïveté et une bienveillance qui lui permettent de toujours rester dans les clous des canons créés par des œuvres comme Gremlins ou Les Goonies dans les années 80.
Et les années 80, justement, parlons-en…

Une série « références »

Il est certains que Stranger Things 2 ne va pas réconcilier les fans et les détracteurs. Au contraire, tant les frères Duffer persistent et signent dans leur volonté de faire de leur show un gigantesque hommage à tout un pan de la culture populaire des années 80. Ce qui , à l’écran, s’avère toujours aussi jubilatoire. Quelque chose dont la série s’amuse en permanence. Comme quand Lucas résume la première saison à sa nouvelle amie Max (dont le surnom Mad Max est une référence appuyée à lui tout seul) et que cette dernière lui rétorque que tout ça manque cruellement d’originalité. Il est évident que Stranger Things 2 n’a que faire des critiques puisqu’à nouveau le scénario multiplie les clins d’œil, tout en imposant une histoire qui lui est propre et qui s’inscrit dans une mythologie certes un peu balisée, mais néanmoins suffisamment bien écrite et surtout incarnée pour convaincre sur la longueur et dispenser ce qu’il faut de frissons, d’émotion et de rires.
En gros Stranger Things n’a rien perdu de son fun. Bien au contraire. Terriblement ludique, elle s’appuie sur des classiques comme S.O.S. Fantômes et Aliens, le retour, lorgnant souvent du côté de John Hughes et parsemant la progression de son récit de plein de repères aussi pertinents que jouissifs quand on a précisément vécu cette époque. Bien sûr, en toute logique, l’identification fonctionne à plein régime. Surtout pour les trentenaires et autres quadras qui ne vont pas rejeter en bloc la série et qui pourront voir en Dustin, Will, Lucas et Mike, les enfants qu’ils étaient à l’époque où Les Maîtres de l’Univers passait à la télévision et où Terminator cartonnait dans les cinémas. Là est l’une des grandes forces de Stranger Things 2 : parler à la fois à ceux qui ont connu les années 80 et qui ont baigné dans cette culture bariolée et foisonnante, mais aussi aux plus jeunes, qui pourront tout aussi bien s’immerger dans un monde dans lequel ils se sentiront très rapidement à leur aise.
Est-ce original ? Non. Clairement pas. Mais là n’est pas l’important car si le contenu n’est pas atypique ou très audacieux, la façon dont la série avance et agence ses références pour faire également avancer l’histoire et nourrir le « fun » de toute l’entreprise, l’est par contre. Ce qu’il faut comprendre par là, c’est que jamais Stranger Things ne prétend avoir inventé quoi que ce soit. Un peu comme Tarantino (dans une moindre mesure), les frangins Duffer assemblent des pièces disparates, racontent une histoire elle-même très imprégnée de ces mêmes références, pour au final accoucher d’une série terriblement addictive, attachante au possible et surtout incroyablement divertissante et dynamique. Sur le papier, l’exercice pouvait apparaître comme étant casse-gueule mais à l’écran, le résultat a une gueule terrible.
Au fond, le problème avec Stranger Things, c’est que le succès a eu tendance à lui prêter des ambitions qu’elle n’a certainement jamais eu. Stranger Things 2 confirme cet état de fait. Nous ne sommes pas ici en face d’une série qui entend se poser comme une révolution. Le but est simplement de proposer un divertissement dans une forme la plus pure possible, dénué de cynisme. Il n’y a qu’à voir l’honnêteté et la sincérité des Duffer quand ceux-ci rendent hommage à Aliens ou à Ghostbusters. Car c’est au final bien de cela dont il s’agit. D’un hommage franc du collier. Un hommage vibrant, qui tend aussi à nourrir à terme une identité propre. Géniale et attachante, Stranger Things est une sorte de créature de Frankenstein bienveillante qui, quoi qu’on en pense, incarne avec brio et passion quelque chose de souvent incompris.

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Monster Mash

Remarquablement entourés, à tous les postes de la production, les frères Duffer ont également su profiter du succès de la première saison pour faire monter en gamme leur série, au fil d’effets de plus en plus présents. Des effets-spéciaux très réussis, comme ces bestioles qui sortent de terre, les demodogs, à eux seuls les preuves d’une maîtrise visuelle qui se lit aussi dans quelques sublimes plans, démontrant d’un savoir-faire indéniable. À noter que l’on retrouve dans cette saison 2 le réalisateur Andrew Stanton, connu pour avoir emballé Wall-E, Le Monde de Nemo et John Carter. Un cinéaste surdoué qui, de concert avec les Duffer et tous les autres, contribue à l’élaboration d’un monde dont les limites ont ici été repoussées pour le meilleur.
Au point d’ailleurs qu’un épisode se permet carrément de sortie de Hawkins, pour dessiner ce que sera peut-être l’avenir du show. En zieutant cette fois-ci sur X-Men, avec d’autres cobayes échappés du laboratoire qui a élevé Eleven, Stranger Things propose une histoire dans l’histoire, un peu maladroitement d’ailleurs, mais prouve aussi que ses ambitions ne vont pas, à terme, se limiter à l’Upside-Down et à cette superposition de notre monde et de celui des monstres. Cela dit, Si Eleven évolue, presque jusqu’à la fin, de manière différente, héroïne de sa propre trame, par rapport aux autres personnages, cette évolution ne va pas sans quelques couacs. Jadis plus focalisée, Stranger Things échoue un peu à raconter plusieurs choses à la fois et apparaît un peu brouillonne quand elle tente de vraiment rompre avec ses habitudes. L’épisode 7, qui tourne uniquement autour d’Eleven, est ainsi le moins bons du lot, car il casse non seulement la saison en 2, diluant un peu la tension, mais aussi car il augure quelque chose d’assez convenu et pour le coup, d’assez prévisible. Néanmoins, la toute fin ouvre aussi des perspectives beaucoup plus alléchantes qui pour le coup, promettent que le show ne va non plus changer du tout au tout pour aller embrasser un univers trop éloigné de celui de ses débuts.

En Bref…
Généreuse comme jamais, Stranger Things continue sur sa lancée. La saison 2 se pose alors comme la conclusion d’un arc narratif et offre tout ce qui fait son charme (en somme ce que les uns adorent et ce que les autres détestent). Rythmée (la bande-originale est exceptionnelle), portée par des acteurs en état de grâce, habitée d’une émotion qui trouve son point d’orgue dans la magnifique conclusion, aussi drôle qu’enlevée, plus spectaculaire et bourrée de références et autres clins d’œil jubilatoires, la série réussit à brillamment relever le défi qui était le sien à l’aube de ce nouvel acte. Un joli tour de force qui se prête en outre remarquablement bien au binge-watching.

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : Netflix


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