Aucun être au monde ne peut m'assurer ce qui est dû ou indu.
Là-dessus, on navigue à vue.
Les plus lucides savent qu'aucune Justice ne leur sera rendue.
Leurs plus belles causes sont d'ores et déjà perdues.
Tant que ce n'est pas un Dieu qui juge, tout jugement est mal fichu. Sans pourquoi. Quasiment inadéquat.
Kafka l'a bien perçu... la Justice n'est ni un sujet absolu, ni un sublime attribut... mais tout au plus une institution corrompue.
La faute demeure. C'est un mystère. Comme si elle était hors de portée de l'institution judiciaire.
Justice, où es-tu ?
Tes délits ou tes crimes sont-ils toujours punis ? Ou toujours assortis d'une peine de sureté pour nous indiquer que ton bâton n'est pas tordu ?
Quand je songe à toi, je songe à la cigarette du pendu. On lui accorde le droit de nous enfumer en se disant : c'est la der des ders.
Rassure-toi ! Ce n'est pas toi. C'est l'injustice qui m'exaspère.
Justice ! Tu n'es pas juste.
Justice,
- Tu es en premier, une Justice politique qui ignore la séparation des pouvoirs et qui juge en fonction des rapports de force.
- Tu es en deuxième, une Justice médiatique qui n'agit pas mais rétroagit, qui ne réfléchit pas mais se réfléchit dans le miroir des médias, et qui passe ses coups de balais en fonction des relais... style BFMTV.
- Tu es en troisième, une Justice mimétique, qui obéit à celui qui hurle le plus fort, qui opine avec l'opinion et mutine avec les mutins. Qui se prosterne dans la pénombre et se prostitue avec le plus grand nombre.
Je viens d'assister au procès du frère Merah.
J'ai pleuré avec les proches des victimes mais peut être pas pour les mêmes raisons.
Je me suis dit encore un procès inachevé qui n'a pas bien fouillé dans les poubelles des flics de la République... qui a inhumé le comique et exhumé le tragique en faisant l'impasse sur ce qui s'apparente à une machination. Mais l'État a ses raisons que la Justice feint d'ignorer.
Parce que cela relève des secrets de l'instruction.