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Une fois n'est pas coutume, c'est maman qui m'a fait écouter en premier le nouveau disque d'Orval Carlos Sibelius auquel j'étais étonnamment passé à côté. Pourtant, j'avais bien apprécié le précédent. J'aimais la pop psychédélique et chamarré de son auteur. À l'époque, il chantait en anglais et vu la concurrence dans le domaine, il paraissait difficile pour lui de sortir du lot. "Ordre et Progrès" est chanté uniquement dans la langue de Molière et c'est en plus très bien écrit. On pense immédiatement à la pop lettrée et savante d'un Arnaud Fleurent-Didier. Les mélodies y sont plus inspirées de la musique anglo-saxonne, les arrangements plus foisonnants, les textes plus distanciés aussi. Si le début du disque est formidable, "Coupure générale" est par exemple une superbe réussite, avec ses paroles qui capturent intelligemment l'époque, la suite est plus aléatoire, on s'y perd un peu, pas bien sûr de comprendre où Orval Carlos Sibelius veut nous emmener. Le surplus d'arrangements alourdit aussi l'ensemble, mais le déguisement du chanteur en soldat romain annonce la couleur : on est plus dans un péplum quand dans un film intimiste.
Après les récents disques de Cheveu ou La Femme, ce "Ordre et Progrès" reste une nouvelle excellente raison de croire à la vitalité d'une pop française différente. Décidément, en s'éloignant de plus en plus de l'esprit punk des débuts, Born Bad Records n'en finit pas de démontrer son importance sur la scène hexagonale.