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Peinture au cœur

Publié le 06 novembre 2017 par Bastienb

Peinture au cœurD‘après les paroles d’une chanson de Bobby Lapointe, il paraitrait que la “peinture à l’eau c’est plus beau que la peinture à l’huile”. Mais savez-vous qu’il existe aussi une peinture au cœur ?

Ce n’est pas une peinture qui vous tient à cœur, mais réellement une toile qui a été réalisée avec les cœurs de certains monarques français. Les organes momifiés, séchés étaient broyés et malaxés dans de l’huile pour donner un pigment rouge-sang dont les peintres étaient très friands car il donnait à leur œuvre une couleur magnifique ! La chair racornie était laissée en macération dans une décoction d’alcool avant d’être mélangée avec de l’huile pour donner un jus de momie d’une couleur merveilleuse appréciée par les artistes. Utilisée jusqu’au début du XXème siècle, cette peinture étaient fabriquée avec des momies égyptiennes puis par souci d’économie avec des cadavres naturellement momifiés récupérés dans les tourbières.

Après la mort des rois de France, leurs cœurs connaissaient souvent des destins différents de leurs dépouilles. Leur corps était en général enseveli à la nécropole royale de la basilique de Saint-Denis. Le cœur quant à lui était bien souvent légué à une congrégation religieuse, un maréchal ou une maîtresse éplorée. Mais voilà…détruits, égarés au temps des révolutions, très peu de ces organes royaux ont réussi à nous parvenir intacts. Ceux de Louis XIII et de Louis XIV, son fils qui furent tous deux embaumés et déposés, à 33 ans d’intervalle, dans des reliquaires au sein de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, dans le quartier du Marais eurent un destin des plus artistiques.

En 1792, affaibli par la Révolution, l’état (la Convention) cherchant à se renflouer donne l’autorisation à la Monnaie de fondre les deux reliquaires de l’église Saint-Paul-Saint-Louis. C’est un ancien architecte du roi qui est chargé de s’occuper de cette tâche. Comme il sait que depuis la Révolution, les peintres ont du mal à s’approvisionner en pigments, il propose à 2 de ses amis artistes de récupérer cette « manne royale ». C’est ainsi que Martin Drölling, un élève du célèbre David et Alexandre Pau de Saint-Martin, un peintre paysagiste vont pouvoir s’approprier  les deux cœurs momifiés et fabriquer un superbe pigment royal brunâtre qui viendra « égayer » leurs toiles.

Peinture au cœur

Intérieur de cuisine

Certains avancent que  la toile « Vue de Caen » de  Pau de Saint-Martin contiendrait du pigment issu des reliques des rois.

Martin Drölling qui selon les historiens n’en était pas à son premier recel de palpitants, aurait pu utiliser celui du Roi soleil pour peindre en 1815, son lumineux « Intérieur d’une cuisine », exposé au musée du Louvre (deuxième étage de l’aile Sully, salle 57a).

Peinture au cœur

Le colporteur

Le brun de cette toile intitulée “Le Colporteur” du même Martin Drölling aurait quant à lui  été obtenu grâce à une préparation faite avec les cœurs momifiés de la belle-fille de Louis XV et d’Anne d’Autriche.

La prochaine fois que vous irez au Louvre, évitez les haut le cœur en regardant les toiles des maîtres du XVIII et XIXème siècle !


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