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Avec le recueil de nouvelles « Nuit Noire Etoiles Mortes », King s’en sort pas trop mal pour se rapprocher de l’horreur réelle.

Publié le 12 novembre 2017 par Desmondagreen @DesmondGreen6

Nouvelle chronique sur un autre recueil de nouvelles de Stephen King, Nuit Noire Etoiles Mortes qui présente seulement quatre histoire mais qui sont tout de même assez longues.

De son titre original Full Dark, No Stars, ce recueil sorti en 2012 comporte quatre nouvelles totalement inédites, 1922, Grand Chauffeur, Extension Claire et Bon Ménage. A noter que dans l'édition de poche il y a une cinquième nouvelle, A la dure.
Malheureusement ce recueil de nouvelles est très inégal, pas forcement mauvais, mais bien loin de ce que l'on attendre de la part de King (se rapporter aux articles concernant les recueils Danse Macabre et Brume tome 1).

" " est plus ou moins une lettre de confessions de la part de Wilfred Leland James qui confesse le meurtre de sa femme Arlette Christina Winters James.
Très longue nouvelle et qui plus est, très peu intéressante sur la longueure. Elle est très difficile à lire. Se passant en 1922 dans la campagne du Nebraska, King a utilisé le même style de vocabulaire de l'époque, déjà chapeau pour ça, mais ça rend le texte totalement indigeste au bout d'une trentaine de pages. On se sent rapidement fatigué :p
De plus, l'histoire n'aide en rien. Wilfred est rongé par le remord. Il a tué sa femme, en demandant de l'aide de la part de son fils de 14 ans - enfin plus ou moins en le forçant - tout ça pour une question de fierté car elle voulait vendre les terres de la ferme à une industrie d'abattage de porc et partir en ville. Il cache le corps de sa femme dans le puits et plus les jours passent et plus il perd la raison en pensant qu'elle revient d'entre les morts pour le hanter. Attention, ne vous y méprenez pas, il y a finalement très peu d'horreur dans l'histoire, peut-être une poignée de scènes, sinon c'est très psychologique et on s'ennuie au final. Même quand on voit le fils de Wilfred sombrer lui aussi dans la culpabilité et le remord on ne s'y attache pas plus que cela. Tout est beaucoup trop lourd.
C'est tellement lourd en style, en description avec l'ensemble noyé par un manque d'originalité total, que l'on a envie très rapidement de ne pas aller plus loin. J'ai énormément combattu pour réussir à aller jusqu'au bout :p Bien qu'il y ait tout de même quelques passages sympa, c'est pour moi la plus mauvaise nouvelle du recueil. Et peut-être même de toutes celles que j'ai lu de King 😦

" Grand chauffeur " rattrape tout de même le coup après " 1922 ".
En rentrant d'un salon où elle avait été invitée, Tessa Jean, auteure connue pour sa série des indémaillables, est violée par un chauffeur de dépanneuse immense, et laissée pour morte. Elle va chercher à se venger en partant dans une enquête pour retrouver son violeur.
L'aspect thriller/polar remonte sans difficultés la qualité de ce recueil. Le récit est beaucoup mieux mis en place, plus digeste et surtout malsain :p Autant lorsque Tesse se fait violée - le Grand Chauffeur a vraiment une attitude de malade - que lorsqu'elle part à la recherche de son violeur. Elle va découvrir qu'elle est capable de bien plus de choses qu'elle ne pouvait l'imaginer. L'histoire, même si elle commence un peu mollement arrive à nous capter de plus en plus, on en vient même à avoir peur pour Tesse dans sa quête de vengeance.
J'ai aimé le petit point - relativement marrant il faut l'admettre - où le chat de Tesse, Fritzy, se met à lui parler lorsqu'elle rentre chez elle après le viol. C'est à la fois marrant, mais c'est aussi un moyen - je pense - de caractériser le traumatisme qu'elle a subit. Elle se réfugie dans la présence de son chat pour se maintenir à flot et ne pas sombrer totalement dans la folie. Troublant comme il se doit ! (Fritzy a vraiment une répartie que j'ai bien aimé quand même :D).
Une nouvelle vraiment pas mal du tout, et totalement réussie par rapport à la première !

" Extension claire " surprend.
Dave Streeter rencontre un vendeur à la sauvette, George Dabiel, qui a son étale en bord de route. Il vend des extensions. En lui offrant un pourcentage de son salaire et le nom de quelqu'un qu'il hait, il propose à Dave Streeter de lui offrir 15 ans de vie en plus, sachant que ce dernier est rongé par un cancer en phase terminale. C'est Tom Goodhugh, soit disant son amis mais il lui envie sa réussite, que Dave va donner comme nom à Dabiel. Ils vont faire affaire et la vie de Tom va s'écrouler autour de lui, sans pour autant que ce dernier n'ait le moindre problème de santé. Ainsi Dave va pouvoir assister à la décente aux enfers de son " ami ", et s'en délecter.
La nouvelle qui est pour moi la meilleure de ce recueil. Pourquoi ? Notamment parce qu'il y a une partie de surnaturel et ça King sait nous le raconter !
A mes yeux Dabiel est sans aucun doute une représentation du Diable. Il vient pactiser avec Dave et montre ainsi la nature sombre de l'homme. Dave est envieux, jaloux, rancunier, c'est un homme qu'on a envie de plaindre au début mais finalement derrière son masque de personne malade se cache un monstre. Dave montre un réel plaisir au fur et à mesure en voyant son " soit disant " ami sombrer. Il en demande toujours plus et devient vraiment avide.
Cette histoire est vraiment troublante, voir la plus psychologiquement horrible. J'ai beaucoup aimé et retrouvé la patte de King dans ces lignes. La dynamique est parfaitement contrôlée et l'histoire addictive car on se demande où va bien pouvoir s'arrêter Dave ! Une nouvelle très sombre, qui s'approche de la réalité mais avec un gros point surnaturel, elle est à lire absolument !

" Bon ménage " clôt ce recueil de nouvel en nous racontant la vie de Darcellen Madsen et Bob Anderson. Leur rencontre, leur coup de foudre, leur vie routinière mais heureuse jusqu'au jour où Darcellen découvre une facette de son mari qu'elle n'aurait jamais imaginée.
Le début est un peu long, King divague à droite et à gauche (il se perd dans des détails afin de nous encrer dans la réalité mais au final ça ne sert pas le récit), c'est même un peu frustrant car on ne comprend pas trop où il veut nous emmener. Puis, le dessin se fait, et malheureusement la révélation n'est pas une grosse surprise. Toutefois, l'ensemble est assez sympa et l'aspect psychologique du couple, tout particulièrement de Bob, est très bien dépeint.
On ne connait jamais vraiment la personne que l'on aime :p
Assez sympa au final, même si ce n'est pas transcendant.

" Nuit noire, étoile morte " est un recueil vraiment en demi-teinte. " 1922 " gâche vraiment le début, au point que l'on est prêt à arrêter la lecture du recueil. Si vous le tentez, évitez " 1922 ", c'est un conseil 😉
Toutefois, le reste est tout de même pas mal, particulièrement " Extension claire ". A mes yeux elle est la meilleure du recueil, puis vient " Grand Chauffeur ", " Bon ménage " et loin derrière " 1922 ".
Ces nouvelles sont plus au moins des variations autour de la vengeance, de la noirceur que peut atteindre l'âme humaine. C'est une excursion de la part de King dans un style plus réaliste qui est moyennement réussi. Il ne vaut pas plus d'un 12/20, et encore " Extension claire " relève grandement le niveau ! Cette nouvelle sauve ce recueil qui n'est pas une réussite mais pas une catastrophe non plus, à lire si vous êtes fan de Stephen King, en évitant peut être la première nouvelle 😉

Enjoy, mais pas trop 😉
A bientôt,

D.A.G.

. Pour finir, juste parce que j'ai aimé la fin de la postface. C'est cadeau 😉
" Je pense que nous sommes restés assez longtemps au fond, dans l'obscurité. Il existe tout un autre monde au-dessus. Prends ma main, Lecteur Fidèle, et je serai heureux de te ramener à la lumière du soleil. Je suis heureux, en tout cas, de la retrouver parce que je crois que la plupart des gens sont fondamentalement bons. Je sais que je le suis.
C'est de toi dont je ne suis pas entièrement sûr...
"
Stephen King, fin de la postface du recueil de nouvelles Nuit noire, étoiles mortes.


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