Meyhem Lauren & DJ Muggs « Gems from the Equinox » @@@@½
Sagittarius Laisser un commentaireCe serait limite insultant de devoir re-expliquer qui est DJ Muggs pour démarrer cette chronique. Je passerai juste sur un rappel des personnalités avec qui il a travaillé depuis les années 2000 sur des projets collaboratifs : GZA (l’immense Grandmasters), Planet Asia, Sick Jacken, Ill Bill et maintenant Meyhem Lauren. Meyhem Lauren n’est pas un nom qui revient souvent, trop underground sans doute. Pourtant, cet ancien graffeur devenu rappeur grâce à J-Love est respecté par tous le gratin du rap new-yorkais, et pas seulement parce que c’est une figure dans le Queens. Son association avec DJ Muggs pour cet équinoxe d’Automne était d’avance explosive.
Gems From The Equinox est illustré par cette image d’une statuette en or et en diamant du Christ crucifié avec un uzi dans chaque main. Cette hérésie a ceci de tout à fait excitant qu’elle emphase le caractère violent de ce projet de onze titres aussi mortels les uns des autres. Le message aurait pu être résumé ainsi : « murder murder murder, kill kill kill ». Tuer à vue, tuer à volonté, tuer un maximum de gens, en toute impunité, Dieu seul vous juge. C’est dans cet état d’esprit très sombre qu’évolue les raps de Meyhem Lauren et les autres assassins verbaux qui l’accompagnent : Roc Marciano toujours armé de son silencieux sous la ceinture, le tonton flingueur Conway, Action Bronson (par 3 fois) avec son couteau de boucher, Hologram, Mr Muthafuckin eXquire et Sean Price qui est revenu d’entre les morts pour défoncer les vivants à mains nues sur « Aquatic Violence« . J’ai failli oublier B-Real qui fume littéralement l’instru de « Tension« .
On appelle ça parfois du « noir-hop », sauf que la noirceur prend une toute autre mesure quand Muggs peint les décors : c’est glauque, lugubre, froid comme une nuit d’hiver dans un cimetière (le terrible « 151 » laisse des sueurs froides). On reconnait bien là le concepteur des mythiques Black Sunday et Temple of the Boom, celui qui a fait de The Grandmasters avec GZA à la fois un classique underground comme un Wu-classic, celui qui fut le maître d’Alchemist. Le sample très strident caractéristique de « Shea Stadium » a de quoi rendre nostalgique. Le panel d’instru qu’il propose sur Gems From The Equinoxe fait honneur à son immense talent qui n’a jamais faibli avec les années (il a bientôt 50 piges le bougre). Les idées fusent, comme ce bruit d’eau qui bout sur « Aquatic Violence« , ou ré-utiliser le même sample que « Two Dope Boyz (in a Cadillac) » des Outkast sur « Street Religion« .
C’est peu dire que cet album commun est une vraie tuerie. Pour information, sachez que ça parle nouveau projet DJ Muggs ‘versus’ Roc Marciano baptisé Kaos… On a très hâte !