Magazine Culture

Harry Potter : une recette qui marche

Publié le 21 novembre 2017 par Tiavina Kleber @ktiav_

Il y a dix ans la saga littéraire Harry Potter se terminait avec la publication du dernier tome des aventures du plus célèbre des sorciers anglais. Pourtant JK Rowling semble avoir trouvé la pierre philosophale qui garantit à son univers succès et longévité. La légende ne semble d’ailleurs pas près de s’éteindre, consciencieusement entretenue par ceux qui y ont des intérêts. La date de sortie du second volet des Animaux Fantastiques vient d'être dévoilée mais c'est surtout l’annonce de Wizards Unite, un jeu en réalité augmentée, qui devrait une nouvelle fois relancer la tendance.

Harry Potter : une recette qui marche

Logo Harry Potter : Wizards Unite dévoilé par Niantic à la presse

J.K. Rowling : auteur à succès

Si comme moi vous êtes de ceux qui sont enchantés par chaque nouvelle annonce qui étend l’univers d’Harry Potter, vous aurez sans doute remarqué que l’on ne reste jamais longtemps sans entendre parler de la saga imaginée par J.K. Rowling. Force est de reconnaître que chacune de ces annonces se traduit par un bénéfice juteux pour l’auteur. Grâce au succès populaire rencontré par les sept livres de la saga Harry Potter, Rowling dispute la place de femme la plus riche d’Angleterre à la reine Elizabeth II elle-même. Se plaçant dans la ligne des grandes fortunes philanthropes, l’auteur perd toutefois régulièrement ce titre en raison de l’argent qu’elle investit dans sa fondation Lumos, du nom du sort qui apporte la lumière, dédiée à la lutte contre le travail des enfants.

Mais la bibliothèque "potterienne" ne se limite pas aux sept livres, puisque Rowling a joué le jeu de la littérature périphérique en publiant à plusieurs reprises des ouvrages mentionnés dans l’œuvre originale, des Contes de Beedle le Barde au Quidditch à travers les âges, jusqu’aux très récentes Nouvelles de Poudlard. Elle a finalement cédé sa plume à Jack Thorne pour l’écriture du script d’une pièce de théâtre en deux parties, Harry Potter et l’enfant maudit, qui est censée clore sur les planches les aventures du plus si jeune magicien, cela pour se consacrer à d’autres romans comme La meilleure des vies sortie le 15 novembre dernier. En ce sens la saga Harry Potter s'inscrit parfaitement dans le cadre des grandes épopées de fantasy modernes qui développent un univers propice à l'adhésion du public avant de diversifier les produits de la marque, quitte pour l'auteur à laisser parfois la main sur l'univers dont elle est la créatrice.


Gemino ! Le sortilège de duplication

Au-delà des livres il y a bien sûr les huit films Harry Potter, rejoints récemment par la franchise Les animaux fantastiques : 9 longs métrages dont les recettes se chiffrent à 10 milliards de dollars, plus que Star Wars. Les Animaux fantastiques est d’ailleurs le meilleur exemple de l’imagination fertile de l’auteur, et nouvellement scénariste, ainsi que de sa capacité à rendre un univers rentable. En effet, les plus férus d’Harry Potter se souviennent que Vie et habitat des animaux fantastiques est avant tout un manuel scolaire mentionné trois fois dans l’ensemble de la saga littéraire. De ce titre, elle a tiré un bestiaire, paru en 2001, dont les profits étaient consacrés à l’association Comic Relief. Quinze ans plus tard, l’auteur confirme sur Twitter, son médium de communication favori, la nouvelle franchise cinématographique et annonce qu’il y aura 5 films, avant même la sortie du premier.

5. Five. Cinq. Fünf. Cinco. Cinque. https://t.co/t8UVZMtO8V

— J.K. Rowling (@jk_rowling) 13 octobre 2016

Passé, présent, futur : une nouvelle décennie de films

Succès au box-office, les aventures de Norbert Dragonneau (Newt Scamander en V.O) à New York ont relancé la machine Harry Potter : réédition des livres, produits dérivés à l’effigie du nouveau héros, tout en comblant les fans qui attendaient une extension de l’univers magique. Et c’est en jouant sur cette attente que la Warner s’amuse désormais à teaser chaque mercredi le second volet des AnimauxFantastiques, via le hashtag #WizardingWednesdays. Pourtant les Potterheads (nom donné à la communauté de fans) devront attendre un an avant sa sortie, prévue pour le 16 novembre 2018 aux Etats-Unis, pour voir Les Animaux Fantastiques :Les crimes de Grindelwald. Ce titre, dévoilé sur Twitter un an jour pour jour avant la sortie du film annonce déjà des couleurs plus sombres mais toujours teintées de magie. Placé sous le symbole des Reliques de la Mort, le deuxième opus s'apprête à tisser des liens forts avec la saga originale puisque les personnages d'Albus Dumbledore(Jude Law) et de Nicolas Flamel devraient faire leur apparition. Avec un tempo millimétré des annonces, le studio réinstalle le rythme d’un film tous les deux ans, coutumier de la saga, qui devrait emmener le public jusqu’en 2024, et maximiser les chances qu’une nouvelle génération soit contaminée par le phénomène Harry Potter.

In one year, return to the Wizarding World with Fantastic Beasts: The Crimes of Grindelwald. #MagicInProgress #FantasticBeasts pic.twitter.com/8aWj8xhGj5

— Fantastic Beasts (@FantasticBeasts) 16 novembre 2017


Chemins de traverse

Au-delà de l’œuvre, l’auteur et les studios de cinéma ont tenté de faire vivre l’expérience Harry Potter, entretenant ainsi la popularité de l’œuvre. Le site Pottermore dédié à l’univers de la série fut annoncé dès la parution du dernier film, il se voulait un approfondissement de l’univers et surtout un cadeau aux fans. C’est sans doute cette volonté qui en a fait le seul échec commercial de Rowling, tir rectifié lors de la reprise en main par Warner Bros il y a deux ans. C’est le même studio qui a ouvert ses portes en 2012 à The Making of Harry Potter - Studio Tour London, une visite des plateaux londoniens de la saga. Cette démarche tentait de surfer sur le succès du Parc Harry Potter, installé dans les studios Universal à Orlando, en Floride, dont une copie fut faite au Japon. L’occasion d’augmenter encore la vente de produits dérivés aux couleurs du monde des sorciers dans un parc aux reproductions à échelle humaine des bâtiments célèbres de la saga.

Jeux de sorts ?

Le seul terrain qu’Harry Potter n’a pas su percer reste sans doute l’adaptation ludique de la saga : jeux de plateaux, jeux vidéo et jeux interactifs. Une production foisonnante qui demeure rentable grâce au soutien des fans. Pour autant les critiques restent sceptiques et aucun jeu ne s’est véritablement imposé comme LE jeu Harry Potter. Cela pourrait peut-être changer grâce à Wizards Unite, un jeu développé par Warner Bros sous le label Portkey Games (Jeux du Portoloin). Un jeu qui devrait effectivement nous porter loin puisqu’il est développé par Niantic, la compagnie à l’origine de Pokémon Go qui a fait sortir des centaines de millions de joueurs dans les rues à travers le monde. Cela nous interroge toutefois sur le caractère innovant que pourrait avoir Wizards Unite. On le rappelle Pokémon Go est sorti plusieurs années après Ingress, développé par Google avant d'être racheté par Niantic. Comme certains commentateurs l'ont fait remarquer, les évolutions entre les deux jeux étaient principalement cosmétiques. Le principe de lieux de conquête et de lieux d'intérêts a été repris et adapté, un savant marquage plutôt qu'une réelle innovation, pour en faire un jeu Pokémon.

Le défi de Wizards Unite sera donc de surprendre et de ne pas simplement surfer sur la marque Harry Potter. En faisant le choix de la réalité augmentée sur smartphone pour relancer les jeux de la franchise, Warner Bros pourrait ainsi permettre de « donner vie » à l'œuvre de Rowling. Peu de détails sont connus à l’heure actuelle, puisque l’information n’était que rumeur jusqu’au 8 novembre, si ce n'est une sortie prévue pour 2018. Niantic Inc et Warner Bros espèrent bien reproduire le phénomène Pokémon Go ! en nous incitant à parcourir le « monde réel » pour découvrir la « magie autour de nous ». Artefacts, sortilèges, personnages iconiques etanimaux fantastiques issus du film éponyme, telle est la promesse de ce nouveau jeu.  La solution de facilité serait donc une chasse aux créatures magiques qui placerait le joueur dans la peau d'un 'magizoologiste' à l'image de Norbert Dragonneau. D’autres pistes sont envisageables également : Des duels de sorciers comme ceux auxquels on assiste dans la saga, tout comme une opposition entre les célèbres grandes maisons de la saga, voire entre les écoles. Le monde imaginé par Rowling est remplis de compétitions plus ou moins amicales qui pourraient donner lieu à des factions pertinentes pour le jeu. A peine annoncé, l'application est une promesse de succès, compte tenu de l’assise solide d’amateurs qui ne manqueront pas de tomber sous le charme et des nombreux articles, dont celui-ci, qui assurent la médiatisation de cet événement. Ainsi, même « après tout ce temps », Harry Potter ne cesse de renaître sous de nouvelles formes, pour le plaisir des fans, mais aussi des investisseurs. Toutefois, fait rare dans les grandes sagas qui font recette, c’est sous l’œil vigilant de Rowling que s’étend cet univers.
Guilhem Dedoyard

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Tiavina Kleber 1265 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines