C'est dans un salon de l' Hôtel Bristol que nous avons eu l'opportunité de rencontrer en conférence de presse Rian Johnson et Ram Bergman, le réalisateur et le producteur du film le plus attendu de l'année. Nous vous proposons la retranscription de l'entretien.
: Bien entendu la première journée, nous nous disions parfois " Oh mon Dieu ! Qu'est-ce qu'on fait ? On est sur le tournage et je vois C-3PO à travers l'objectif ! On est dans le décor du Faucon Millenium ! ". C'est vrai que le premier jour nous a énormément marqués ! Mais la plupart du temps j'ai eu de la chance, car dans mon esprit Star Wars a disparu et j'avais l'impression de travailler sur un vrai film, en me concentrant sur les acteurs, sur les décors, sur ce que je faisais... Et c'était comme ça la plupart du temps.
: En fait nous avions une véritable liberté à 100%, j'ai eu la chance de pouvoir lire le scénario du Réveil De La Force et suivre le tournage du film et c'était à moi de comprendre et de trouver des solutions pour la suite. Pour moi c'était très organique et très logique, c'était comme pour mes précédents films.
: J'ai demandé à J.J. de changer un plan de BB-8 à la fin du film, juste avant que Rey aille sur l'île, et que ce soit R2-D2 qui l'accompagne dans le Faucon Millenium. J.J. a changé ça pour m'aider avec le scénario des Derniers Jedi.
Mark Hamill devait bien entendu se demander ce qui était arrivé à Luke durant toutes ces années entre Le Retour Du Jedi et ce film. Est-il arrivé vers vous avec des idées ? Les avez-vous incorporées dans votre film ?
: Mark et moi avons beaucoup parlé. Mark avait beaucoup d'idées, et je lui disais que je n'étais pas sûr que tout rentre dans la saga Star Wars mais j'étais d'accord pour parler de ces décennies écoulées depuis 30 ans et maintenant - et je voulais surtout qu'il comprenne vraiment ce qu'était devenu son personnage car je me disais que cela devait être très bizarre pour lui, en tant qu'acteur aussi attaché à Luke, qu'un " jeune con " comme moi lui dise " Voici le scénario, c'est comme ça et pas autrement ". Je me suis dit que ça l'aiderait que l'on puisse travailler ensemble pour qu'il continue de se sentir attaché à son personnage et s'approprie ces 30 ans entre Le Retour Du Jedi et Les Derniers Jedi. C'était très important.
: Oui effectivement, c'est le plus long, il fait 2h30 en incluant le générique. Le choix est simple : c'est ce qu'il fallait. Pour moi, en regardant ce film, il ne me semble pas long et j'espère que lorsque vous le verrez, vous vous direz aussi qu'il s'agit de la bonne durée, même si à l'entendre ça a l'air long à regarder, j'espère que ce n'est pas si long que ça pour un film.
Ram, vous connaissez et produisez les films de Rian depuis de nombreuses années. Avez-vous toujours su que Rian serait le choix idéal pour réaliser
: Ce n'était pas ma décision d'embaucher Rian, mais je sais, pour le connaître depuis longtemps, que tout ce qu'il veut faire, il le fait de manière parfaite. Il a ce don de pouvoir écrire et réaliser, ce qui est très très rare à Hollywood. C'était facile pour Kathleen Kennedy et les studios Disney de le choisir. Il y a toujours une raison derrière chaque choix qu'il fait. C'était une évidence.
: Merci de poser cette question sur Steve, c'est un de mes meilleurs amis depuis l'âge de 17 ans. On s'est rencontrés à l'Université où nous avions travaillé ensemble pour un film étudiant. C'était tellement chouette de l'avoir ici pour ce film, d'un point de vue émotionnel bien entendu, mais c'est aussi un super directeur photo. Nous avons beaucoup regardé L'Empire Contre-Attaque pour nous inspirer de l'éclairage et des choix osés de faire un film aussi sombre, aussi noir. Nous savions que nous ne pouvions pas copier ce film, mais nous cherchions un équilibre entre ce film et ce que nous voulions faire.
: Je les lis toutes. Ma préférée est sur Snoke. Dans L'Attaque Des Clones il y a une scène de dîner entre Anakin et Padmé. Il coupe un fruit, une poire. Quelqu'un a pris une photo de ce fruit découpé en la mettant à côté d'une image de Snoke avec sa cicatrice, en disant " Et voilà, c'est ça l'origine de Snoke ". Bien entendu j'étais énervé, parce que l'on a été obligé de faire des reshoots.
Star Wars doit être excitant tous les jours, mais y a-t-il une journée particulière qui vous reste en tête ?
: Tous les jours... Mais je vais vous parler d'un jour qui n'était pas sur le tournage, mais qui était tout de même un jour de travail : lorsque nous étions sur le plateau en train d'enregistrer la musique de John Williams. L'ouverture du film. Il y avait un orchestre de 100 personnes, j'étais aussi proche d'eux que ce que je suis de vous. Et de ressentir cette musique directement, ça donnait la chair de poule, à la fin d'un tournage tellement incroyable et plein de moments de magie, c'était le summum !
: Stressé. Pour moi, le stress a commencé dès que nous avons fini le film. Pendant le tournage, l'on n'y pensait pas. Mais dès que nous avons fini, le compte à rebours de la sortie a démarré, et j'ai commencé à devenir nerveux. Mais je suis très fier du film, je pense que nous le sommes tous d'ailleurs. J'espère que les fans aimeront. Mais c'est inévitable d'être nerveux lorsque vous portez un projet si longtemps et que vous le montrez au monde. J'ai été fan de Star Wars pendant 40 ans, je ne veux vraiment pas décevoir les fans.
: J'ai eu une longue conversation avec George Lucas, mais il n'était pas vraiment sur le tournage, pas au quotidien. C'était une discussion un peu générale que nous avons eue au début. Mais pour moi c'était énorme d'avoir cette conversation avec lui, car je suis allé à l'Université USC en Californie à l'école de cinéma grâce à un livre que j'ai lu sur George Lucas qui était allé à cette université.
: C'est tellement triste d'avoir perdu Carrie Fisher, mais je suis content d'avoir pu travailler avec elle. Vous allez voir, elle joue tellement bien dans ce film, et j'espère que les fans vont pouvoir faire le deuil, pas seulement de Leïa mais aussi de l'actrice, car c'est une personne qu'ils ont découverte à travers les interviews, et je pense que certaines scènes dans ce film vont profondément les toucher. Ca aurait été super sympa de travailler avec Harrison Ford, mais en tant que gamin je m'identifiais bien plus à Luke, le petit fermier pas très cool qui voulait une aventure. Et ça m'a touché de travailler avec Mark Hamill puisqu'il est vraiment au cœur du film.
: Je ne peux rien confirmer pour les Princes Harry et William. Mais je peux vous dire que tout le monde sur le tournage veut faire un caméo en stormtrooper jusqu'au moment où l'on met le costume et que l'on réalise que c'est un instrument de torture moyenâgeux. Mais Gareth Edwards apparaît dans le film, tout comme Ram et moi étions dans Rogue One, nous tirions dans l'Etoile Noire. Ce qui était super parce que nous savions qu'il ne pouvait pas couper cette scène. Donc Gareth est dans notre film.
: Bien entendu chaque film est comme avoir un cours intensif de cinéma. Sur Breaking Bad j'ai vraiment appris quelque chose parce que quand je suis arrivé sur le tournage, je me suis dit que je n'allais rien dire aux acteurs parce que par exemple Bryan Cranston connait son rôle par cœur et que je ne pouvais rien lui dire pour l'aider dans son rôle. Mais je me suis complètement trompé parce que bien entendu le personnage savait ce qu'il faisait avant mais pas où il allait. C'est pareil ici, avec des personnages créés dans Le Réveil De La Force, et c'était à moi de les amener dans une nouvelle direction. Bon et puis, vous verrez, les cristaux rouges sont un clin d'œil à la crystal meth que l'on a vu dans Breaking Bad. C'est une blague hein !