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Quand je ne serai plus là, je serai encore là.

Publié le 24 novembre 2017 par Paulo Lobo

Quand je ne serai plus là, je serai encore là.

Inês veiled

Je suis dans mon lit, couché sur le dos et je regarde le plafond.
Des fois vous n’en avez pas envie, tout simplement. Vous marchez et vous sentez le poids du trottoir sous vos pieds. Vous regardez les choses et les gens autour de vous, derrière vous, à côté de vous. Le parfum d’une belle dame en noir. Existe-t-elle vraiment ? Vous ne voulez pas la découvrir. Vous ne voulez pas la comprendre. Vous ne voulez pas la surprendre. Vous savez qu'il y a un coupable quelque part, caché derrière une façade quelconque. Ou dans une armoire.
Je regarde le plafond. Les murs, les tableaux, les objets sur la table de chevet.
J'entends le bruit des sabots. Le vroum vroum des autobus bondés jusqu’à la moelle.
Nous sommes terrés chacun dans son coin, de peur de froisser l'autre par un geste ou un regard qui pourrait être mal interprété. Une armée de réseaux est prête à bondir et à te déchirer en mille morceaux si tu ne bêles pas comme eux.
Je marche dans la rue comme d'habitude, je savoure mes pas, je savoure aussi l'air qui entre dans mon organisme. J'entends les bruits de la ville et je ne me sens pas seul, je vois qu’il y a partout de l’activité et du mouvement. Je saisis des petites bribes de vie au passage. J'emmagasine des sensations, des sons, des images, des histoires. Je prends sans me poser de questions.
La ville est particulièrement bruyante aujourd’hui.
Puisque je ne peux plus vous voir, est-ce que je peux encore vous parler ? Puisque je ne peux plus vous contempler, est-ce que je peux encore vous rêver ? Cachez ce visage que je ne saurais voir, cachez cette poésie que je ne saurais écrire, vous fonctionnez, un point c'est tout.
Au royaume des aveugles, le borgne est roi.
Je parcours le quartier que je me suis inventé, que j'ai édifié de mes mains nues, à coup d'énergie, d'argent et de fantaisie, ce quartier qui est l’émanation de mes désirs et mes fantasmes et qui resplendit tout au long de la journée, les gens y sont heureux parce qu'ils mangent à leur faim, parce qu’ils sont soignés par de bons médecins et qu’ils n’ont pas peur du lendemain. Ce quartier qui est le mien, je l'ai d'abord reçu en pièces détachées. Après avoir lu le manuel d'instruction avec attention, j'ai estimé qu'il fallait faire l'inverse ce qui était prescrit, afin de créer un lieu à vivre véritablement original.

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