Paolo et Luisa sont à bord du même bateau qui les emmène sur l'Ile sur laquelle est située la prison de haute sécurité dans laquelle sont emprisonnés leurs proches. Le fils de Paolo a été condamné pour actes terroristes, quand le mari de Luisa, un homme violent, a tué deux hommes. A l'issue de la visite, le mistral empêche le bateau de quitter l'île, obligeant Luisa et Paolo à dormir sur place, logés et surveillés par le gardien Nitti Pierfrancesco. Une étrange complicité se lie alors entre les trois protagonistes en ce lieu alliant violence de l'univers carcéral et beauté de la nature.
"Il repensa aussi à toutes les choses vues aujourd'hui dont il n'aurait su dire le nom. Les drôles d'oiseaux au corps ramassé qui scrutaient l'eau pendant que Nitti pêchait. La grande variété d'arbres qui bordaient le chemin de terre. Les rochers de consistance et de couleur si différentes."
Luisa et Jacob sont deux personnes très seules, elle est seule à élever ses cinq enfants et à s'occuper de sa ferme, et lui a perdu sa femme peu de temps après l'arrestation de son fils. Nitti, quant à lui, s'éloigne de sa femme, il est gagné peu à peu par ce métier qui aliène l'humanité des hommes et a honte de ce qu'il devient. Ensemble, ils effectuent un voyage vers la lumière, vers l'humanité et la joie grâce aussi à la beauté de l'île.
L'île d'Asinara, http://www.gusto-arte.fr/
Par le biais de ces beaux personnages, Francesca Melandri met en lumière l'impact de la prison vu de l'extérieur, du point de vue de ceux qui sont libres, gardiens carcéraux, ou famille des détenus. Au-delà de cet univers, elle nous parle de ces rencontres subtiles, inattendues et pourtant tellement puissantes que leurs vagues sismiques n'en finissent pas de se faire ressentir dans les âmes...
Ce que j'ai moins aimé : un peu trop court à mon goût, j'aurais aimé que quelques passages poétiques soient développés
Plus haut que la mer, Francesca Melandri, Folio,Trad. de l'italien par Danièle Valin, mars 2016, 224 p., 7.25 euros