Ecrit et interprété par Constance et Marie RenoMis en scène par Didier Super
Présentation :Suite à un burn-out, Constance remonte sur scène contre l’avis des médecins. Complètement grillée dans le milieu de l’humour, elle tente de se refaire un nom en s’attaquant à la chanson. Dans cette nouvelle aventure, elle entraîne Marie Reno, une musicienne catholique toujours d’accord avec elle.Belles, drôles et déjantées, elles vous emmènent dans une série de sketchs à la rencontre de personnages toujours plus décalés et hors normes, au rythme de chansons originales allant du rap à la bossa nova…Gerbes d’amour est un spectacle humoristico-musical qui repousse les limites du culot et, bordel, ça fait du bien !
Mon avis : Constance est une adorable petite peste qui nous chanterait avec un grand sourire ingénu : « J’ vous ai apporté des bubons » !
Constance, c’est ça. Une jeune femme charmante qui n’aime rien tant que de proférer des horreurs, une sale gosse qui adore dire des gros mots en suçant sa sucette avec un air candide. Son nouveau spectacle, Gerbes d’amour, s’inscrit dans la lignée de ses précédents seule en scène (que j’ai tous vus), des spectacles complètement déjantés, parfaitement assumés, et qui laissent des trash.
Photo : Frédéric Speller
Celui-ci a ceci de différent qu’il est chanté et que Constance y est accompagnée au piano comme dans le jeu par une complice aussi délirante qu’elle, Marie Reno. Elle, c’est la ravie de la crèche, c’est Sainte Marie de la Bienveillance. Elle pourrait parodier aisément Françoise Hardy en susurrant « J’ suis d’accord » car elle dit amen à tout et, en plus, elle a bon chœur… Ce binôme, ou plutôt ce bi-femmes, est aussi complémentaire que performant. Insidieusement, au fur et à mesure(s) que se déroule le spectacle, on voit la sage Marie se mettre peu à peu au diapason de la frénésie loufoque de Constance et rentrer dans sa folie. Cette subtile évolution est à mettre au crédit d’une mise en scène particulièrement bien structurée.Photo : Frédéric Speller
Comme elle, n’ayons pas peur des mots, Constance est folle. C’est une malade mentale à qui on a retiré la camisole le temps d’un spectacle et dont on ne sait pas à l’avance dans quelles extravagances elle va nous entraîner. D’abord, il faut le souligner, Constance est une comédienne hors pair (et pourtant elle en a !). Sa palette de jeu est si large qu’elle peut se permettre de tout jouer et, surtout, de tout oser. Tour à tour elle est vamp, nunuche, aguicheuse, naïve, romantique, perverse, dévergondée, agressive, enjôleuse, jalouse, mesquine, coquine, gamine, désemparée, fragile, provocante… Et j’en passe. Mais qu’est-ce qu’elle est drôle !Sa folie, elle nous l’amène très intelligemment : dès le début, elle nous informe qu’elle sort d’un burn-out dévastateur et qu’elle est encore sous l’emprise d’anti-dépresseurs. Dès lors, la porte est ouverte à tous les égarements, à toutes les rechutes. On sait que les médicaments ne font pas bon ménage avec la drogue ou l’alcool. Vous pouvez donc imaginer ce qui lui arrive lorsqu’elle en consomme…Photo : Frédéric Speller
Chacune des chansons donne lieu à un véritable sketch avec son propre accoutrement, ses propres accessoires et sa propre gestuelle. Les chorégraphies de Constance, sa façon de bouger, avec son corps qui semble en permanence hors contrôle avec bras et jambes indépendants sont inénarrables. Avec une énergie de dingue, elle nous emporte dans son monde. Un monde qui se trouve aux antipodes de celui des Bisounours. Elle nous y fait croiser toutes sortes de femmes. Des femmes de conditions et d’âges différents qui ont chacune une histoire, des rêves, des fantasmes. Sous le biais de la drôlerie, elle aborde des sujets et des thèmes forts comme la solitude, les femmes battues, le désarroi de la femme au foyer livrée à toutes les formes de vicissitudes, la consanguinité…Photo : Claire Gontaud
On rit du début à la fin, sans aucun temps mort. Aucune chanson ne se ressemble. Chacune a son rythme, son thème, son costume, sa gestuelle et sa mise en scène.Ces Gerbes d’amour sont en fait des gerbes d’humour… noir ! Excellement secondée par Marie Reno, Constance, formidablement généreuse, est au sommet de son art. Son apparent lâcher-prise est totalement maîtrisé. Son talent est à l’image de son prénom, il est constant.Petit message personnel à Constance : le hasard a voulu que votre culotte, que vous lancez dans le public à l’instar de Madonna, a atterri sur mes genoux. Je l’ai précieusement conservée et je la tiens à votre disposition au cas où vous désireriez la récupérer.Gilbert « Critikator » Jouin