Quelle belle surprise ce premier tome de la série “Mma Ramotswe” d’Alexander McCall Smith ! Je suis ravie d’avoir craqué sur cette couverture magnifique et sur ce pitch, qui à eux deux, me promettaient originalité et complet dépaysement ! Promesse tenue ! Cette série mettant en scène une femme d’une quarantaine d’années, bien en chair, futée et attachante, décidant d’ouvrir son agence de détectives en plein cœur du Botswana est un vrai régal !
“Mma Ramotswe détective” d’Alexander McCall Smith, paru au format poche aux Éditions 10/18. Photo Monia Boubaker
Cet opus, “Mma Ramotswe détective” est le premier d’une série qui en compte seize à ce jour, tous édités chez 10/18 dans la collection Grand Détectives. Ce roman est construit de façon originale, car à la différence de la majorité des romans policiers que j’ai lus jusqu’à présent, il n’aborde pas qu’une seule enquête mais plusieurs, dont se chargera Mma Ramotswe, à l’ouverture de son agence de détectives nommée l’Agence N°1 des Dames Détectives. On retrouve cependant une enquête en fil rouge, dont on lira la progression entre différentes missions d’investigation. Les enquêtes sont légères, distrayantes, très dépaysantes ; Precious Ramotswe (appelée plus couramment Mma Ramotswe) démasque les fraudeurs, affronte des épouses jalouses, tient tête à un des hommes le plus influents du pays et se frotte même à la sorcellerie ! J’ai aussi beaucoup apprécié les petites anecdotes sur la faune et la flore du Botswana qui sont parsemées ici et là, tel l’épisode du cobra coincé dans le moteur de voiture de notre détective.
“Ce matin-là, Mma Ramotswe alla faire ses courses. Le rituel du samedi matin était sacré : elle se rendait au supermarché de l’African Mall, puis achetait ses fruits et légumes à la femme qui installait son étal sur le trottoir, devant la pharmacie. Ensuite, elle prenait un café avec des amis à l’hôtel Président avant de rentrer chez elle, où elle buvait un demi-verre de Lion Beer assise sous sa véranda, en lisant le journal. En tant que détective, elle se devait d’éplucher les nouvelles et d’entreposer les faits dans un coin de son cerveau. Tout lui semblait utile, jusqu’à la dernière ligne des discours politiques prévisibles ou des communiqués des églises. On ne savait jamais : à tout moment, un fragment de connaissance de la vie locale pouvait se révéler crucial.”
Dans les soixante premières pages, l’auteur pose le décor et nous raconte la vie d’Obed Ramotswe, le père de Precious. Obed a élevé seul sa fille et évoque ses jours de travail difficiles dans les mines de Johannesburg. Puis nous suivons Precious à travers différentes périodes de sa vie, dont son malheureux et unique mariage, jusqu’à son idée d’ouvrir son agence de détectives.
La plume d’Alexander McCall Smith est très agréable à lire, le ton est léger bien que des passages soient assez émouvants, comme lorsque Mma Ramotswe évoque la perte de son enfant ou la rudesse de l’Afrique, ou lorsque Mr JLB Matekoni, le soupirant de Mma Ramotswe, nous fait part de ses pensées.
L’auteur nous permet, sans en faire le sujet principal, de découvrir la culture africaine, ses traditions, ses croyances. La place de la femme dans la culture africaine est aussi abordée, sujet qui n’a pas manqué de me toucher… Mais les enquêtes de Mma Ramotswe, c’est avant tout de la bonne humeur, de l’humour, et des passages très beaux, poétiques, à travers lesquels j’ai ressenti l’atmosphère si particulière de l’Afrique. Plusieurs fois, grâce à la jolie plume d’Alexander McCall Smith, j’ai pu visualiser les paysages, leur lumière, ou encore imaginer la saveur du thé rouge que déguste Precious Ramotswe assise sous la véranda, près de la bougainvillée, dans sa petite maison de Zebra Drive.
Un livre que j’ai savouré du début à la fin, une belle réussite !
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