Lorsque nous étions enfant, nous étions capables de gribouiller à volonté, sur toutes sortes de supports, surtout sur un canapé clair ou un mur ! Le gribouillage était un de nos moyens d’expression favori et spontané. Avec l’apprentissage de la lecture et le maniement des chiffres, nous avons souvent délaissé le recours à cette forme de dessin pour exprimer nos idées, partager des représentations ou résoudre des problèmes complexes. Petit à petit, nous avons intégré que le gribouillage n’est pas sérieux, qu’il montre notre peu d’attention. L’utilisation croissante, ces dernières années, d’infographies et de techniques de facilitation graphique devrait nous inciter à reprendre nos crayons. Mais nous n’osons pas, avons peur de ne pas savoir comment faire et en concluons hâtivement que ça n’est pas pour nous. Sunni Brown, l’auteur de Le Gribouillage c’est tout un art, veut nous montrer combien nous gagnerions à réactiver nos capacités à gribouiller et à les exploiter davantage. A ses yeux, c’est une forme de langage à part entière, complémentaire de l’écrit et des chiffres :
« Pourquoi abandonnons-nous le langage visuel au profit des chiffres et du langage écrit alors que NOUS POURRIONS LES COMBINER ?!!
Pourquoi, alors que nous sommes parfaitement capables (c’est même génétique) de produire du langage visuel, sommes-nous si nombreux à nous reposer presque exclusivement sur des symboles que nous avons dû apprendre ? Pourquoi abandonner un outil pour en adopter deux autres, alors que nous pouvons utiliser les trois ? Si un outil me rend plus intelligent, plus rapide, me permet d’avoir les idées claires et de mieux communiquer, pourquoi diable devrais-je le laisser tomber ? Je vais vous dire quelle est mon idée sur la question : je pense que la plupart d’entre nous ne savent pas ce qu’ils pourraient FAIRE avec le langage visuel, en dehors de certains domaines bien définis. On s’attend à utiliser des images en architecture, en mécanique, en design et en art. On est d’accord pour gribouiller tant que ce n’est pas à l’école ou au bureau. On dessine sur les nappes en papier (et on y prend même plaisir après quelques margaritas). On joue au Pictionary entre amis. Mais je ne crois pas que nous trouvions le langage visuel légitime dans la plupart des autres domaines. Notre culture et nos institutions modernes ne font pas le lien entre le langage visuel et la pensée critique, la résolution de problèmes, la compréhension ou l’innovation. Mais la puissance intellectuelle et créative que l’on peut tirer du langage visuel est telle que ce black-out ne peut plus durer. Il faut ouvrir les yeux. Il est temps d’abandonner nos conceptions poussiéreuses, de ressortir nos capacités à gribouiller et à dessiner et de les mettre au TRAVAIL. C’est là tout l’enjeu de la révolution du gribouillage. »
De fait la liste des vertus du gribouillage est considérable. il nous aide à gagner en puissance cognitive, notamment parce qu’il sollicite d’autres zones du cerveau que l’écrit et les chiffres. Cela nous aide à trier, organiser et mémoriser les informations mais aussi à générer plus d’idées originales. Une étude a ainsi montré que les personnes qui avaient gribouillé tout en écoutant une conversation téléphonique avaient retenu 29 % de contenu de plus que ceux qui s’étaient contentés de s’appuyer sur leur mémoire auditive. Enfin, pratiqué en groupe, il aide à partager une même vision et à solliciter la créativité de chacun.
Lors de prochaines réunions ou conférences téléphoniques, gribouillez au lieu de vérifier compulsivement vos mails, vous en tirerez beaucoup plus de bénéfices !