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À Göttingen - 27

Publié le 02 décembre 2017 par Detoursdesmondes
Gottingen-bibliotheque18eme


Lors de notre parcours dans les collections issues des voyages de Cook, nous avons déjà noté combien le passé de cette petite ville allemande ressemblait à une légende en cette fin de dix-huitième siècle car elle rayonnait de pleins feux sur l’Europe intellectuelle de l’époque. L'université de Göttingen apparaît à la base de nos universités modernes car elle fut probablement l'un des premiers modèles d'institut de recherche au monde bâti à la fois sur les traditions institutionnelles allemandes et anglaises.
BlumenachSous ces feux, Johann Friedrich Blumenbach que nous avons déjà évoqué, avait noué des contacts avec de nombreux chercheurs de l’époque et appartenait à des dizaines de sociétés savantes qui essaimait dans cette Europe des Lumières.
Les milieux intellectuels de Göttingen étaient friands des nouvelles du monde et par conséquent suivaient de près les expéditions françaises et anglaises dans les mers du Sud. Il n’est pas anodin que les mots Völkerkunde (Ethnologie) et Ethnographie aient été pour la première fois utilisés à Göttingen ; on les remarque ainsi employés dans une publication du professeur Schlözer datée de 1771.(cf. James Cook. Gifts and Treasures from the South Seas, 1998).
Il faut aussi se souvenir que ce sont des membres de la maison de Hanovre qui avaient accédé au trône britannique dans le début du dix-huitième siècle et c’est ainsi que l’électorat de Hanovre dont dépendait notamment Göttingen se trouvait être rattaché au royaume de Grande-Bretagne. George II avait été duc de Brunswick-Lunebourg (Hanovre) et prince-électeur du Saint-Empire romain germanique : il fut le dernier monarque britannique à être né et à avoir grandi dans le Hanovre. George III qui régnait alors depuis 1760, bien que né en Angleterre avait toujours le titre de prince-électeur de Hanovre et était très sensible aux demandes d’acquisitions de « curiosités » de Blumenach pour le compte de l’université de Göttingen.
Ainsi en 1781, l’Angleterre alloua-t-elle une centaine de livres sterling pour l’achat d’objets naturels et artificiels nouvellement découverts dans les mers du Sud et destinés à Göttingen.(ibid, article de Manfred Urban p. 56).
En juillet 1782, Blumenbach reçoit ainsi 349 spécimens : ce sont essentiellement des artefacts !
Vente-samwellCeux-ci proviennent du marchand George Humphrey qui a établi un catalogue méticuleux lors de l’acquisition de ces pièces et de leur acheminement pour Göttingen. Il s’agit d’un document de grande importance pour la connaissance de ces objets, il est accompagné de références aux textes et illustrations du Journal de Parkinson paru en 1773 ainsi qu’à l’ouvrage de Hawkesworth publié également à Londres en 1773. La deuxième partie de ce catalogue consacrée à quelques objets arrivés un peu plus tardivement à Göttingen fait référence au Journal du chirurgien William Ellis qui faisait partie du troisième voyage, publication venant tout juste de paraître dans cette année 1782.
George Humphrey avait été un grand acheteur de curiosités, présent sur les quais dès le retour des navires des expéditions de Cook. On connaît parfois la teneur de ses achats avec grande précision, par exemple le 9 décembre 1780, il a acquis au moins 87 coquillages peu après le retour du troisième voyage à un certain Mr. Seymer ; il achetait aussi dans les ventes aux enchères, telle la vente du chirurgien David Samwell de 1781.
Bref il semble que pour une fois nous disposions d’un ensemble bien documenté...
à suivre...
Photo 1 : La bibliothèque universitaire, gravure de Georg Daniel Heumann, 1747 ©Musée Städtisches Göttingen.
Photo 2 : Johann Friederich Blumenach, gravure de Casselis, 1793.
Photo 3 : Page du catalogue de la vente de David Samwell, 1781


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