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Ça ne peut pas faire de mal

Publié le 06 décembre 2017 par Paulo Lobo
Ça ne peut pas faire de mal
J’ai de tout petits yeux j'ai du mal à les ouvrir plus grand ils se ferment comme se ferment les volets dans la rue à mesure que s’amenuise le jour
La nuit est longue la nuit porte conseil le sommeil porte conseil ce n'est pas demain la veille que je pourrai m'envoler
Prisonnier de mes chaînes tapis contre le mur au fond de la cellule je dévisage l'ampoule suspendue au plafond pas plus forte qu’une bougie
Mes sens vitaux se délitent à vue de deuil quand il n'y a plus d'écran est-ce qu'il y a encore du rêve suis-je un être impulsif ou suis-je celui qui n'aime pas le changement bizarre il me faut des repères des habitudes des petits espaces confortables
Je ne suis pas un rebelle parce que j'ai l'impression que je vois par avance la futilité du geste la fin de non-recevoir de l'action je ne sais pas contre qui contre quoi je dois lutter combattre non pas des êtres non pas des hommes mais des attitudes des avidités des systèmes de fonctionnement
je préfère rester dans le général c'est étrange moi qui suis tellement individualiste je m’écarte discrètement de tout ce qui est phénomène de masse harangue public oui de la triche
la nuit porte conseil et en hiver les nuits sont longues le conseil coule à flots je travaille d’arrache-pied la moindre de mes hésitations
J'aime les longs hivers gris et froids nébuleux mystérieux qui ne livrent pas de réponse qui n'invitent pas au départ j'aime les longs hivers dépourvus de vitamine D
j'aime la modestie des journées brèves et fragiles On ne les voit pas arriver elle vont à petits pas d’heure en heure on ne les voit pas partir et on ne s'en émeut pas vraiment
lumière pâle et tremblotante nous sommes dans l’imperfection des jours et des heures le corps telle une carapace respire vaguement
mes yeux s'habituent à la pénombre l’abîme une petite touche lumineuse surgit comme le plus beau des miracles   ce que je ne vois plus je l'imagine
La nuit porte conseil mais le conseil peine à trouver sa voix dans les embouteillages le matin le temps m’est donné d’écouter la radio de voir la route le chemin les autres voyageurs de ce bref couloir temporel toujours le même parcours toujours la même attente
je mets des mots je mets des mots sur les images sans réfléchir j'aime créer provoquer des rencontres entre les gens de tous les bords entre les éléments les plus épars même s’il n’y a pas l'amour à première vue il y a peut-être un début d'amitié une connivence une complicité une idée créative
sommes-nous sur cette terre pour subir une tristesse infinie pour nous occuper comme des fous à nous enrichir les babines n'y a-t-il pas plus de bonheur à semer la fantaisie et l'imprévu j'aime ceux et celles qui parlent et agissent comme s’ils et elles étaient dans un film qui mettent des intonations dans leur voix qui parlent avec emphase qui font des grands gestes avec les mains qui écarquillent les yeux qui vous regardent droit dans la tête dans le noir de la nuit ça ne peut pas faire de mal

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