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Les dieux nous ont rendu fous !

Par Pseudo

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De temps en temps la presse sert à quelque chose.

A quelque chose d'autre que flagorner ses propriétaires, les emblématiques princes de l'époque.

Car trop souvent, à ânonner sans relâche leur vision monochrome et mercantile du monde, autrement dit la rumeur dominante du jour, que sert-elle d'autre sinon les intérêts des maîtres ?

Et dans ce cas, à quoi sert-elle d'autre que domestiquer ce qu'il reste des cerveaux populaires, abêtis de divertissement et d'addictions «markétisées», pour mieux pérenniser l'ordre établi, source subliminale de l'influence des puissants ? Un ordre à conserver masqué, tel le 12ème Imam des Chiites, et à ne surtout pas confondre avec le moindre esprit conservateur ou traditionnel, bien au contraire, mais censé entretenir cette «révolution permanente» si chère aux lanceurs de pavés de 1968 et à leurs avatars, pour lesquels tout «déconstruire», sauf l'absolu privilège de l'argent et de l'entre-soi, devient le conformisme du jour, péremptoire, cynique, arrogant.

Comment cette formidable imposture, qui fait prendre pour une émancipation joyeuse la lente désappropriation de soi imposée aux peuples locaux par l'«élite» apatride, passerait-elle dans les têtes sans le levier des médias ? Comment réussirait-on à faire croire aux braves gens, sans cela, que plus ils saccageront la conque protectrice – morale, sociale, matérielle – construite laborieusement par des générations d'aïeux (qu'ils fussent français d'antique souche, de fraiche adoption ou de passage), plus ils s'en détourneront, s'en dégoûteront, s'en moqueront, et plus ils se «libèreront» des derniers asservissements ?

Comment l'inoculer aux têtes plébéiennes cette «bonne pensée» autorisée, qui prescrit le rejet de tous les anticorps historiquement éprouvés, l'«ouverture» sans plus d'écran à tous les vents fous de la Terre, toutes les «cultures», toutes les mœurs, même les plus contraires à notre art de vivre – puisque les nôtres seraient néant ou folklore méprisable – ; comment conduire un vieux peuple fort de ses héritages à ce désarmement suicidaire, sans le rabâchage érosif de médias subventionnés par nos impôts ? Et lui faire désirer, par le biais d'une hypocrisie absolue, cette nouvelle servitude volontaire sous le prétexte qu'il s'agirait de la «modernité» en actes, ultime sacralité rendant d'office blasphématoire la moindre idée de contestation.  

Parfois pourtant, un de ces organes voués si souvent à la publicité et à la molle propagande du penser pasteurisé, sert un petit joyau. Une nacre, noyée dans le brouhaha de la page. Il faut s'empresser de l'extraire.

Cette aventure m'est arrivée hier, à la lecture de Sud-Ouest (édition numérique du 5 décembre et papier du 6 décembre), brave fantassin de la presse quotidienne régionale – reconnaissons-lui une plutôt bonne tenue habituelle... Il s'agit de la tribune de Simon Charbonneau, juriste spécialisé dans le droit de l'environnement, intitulée «Le rêve prométhéen».

A méditer sans intermédiaire pour la clarté et l'esprit de synthèse. L'auteur y met en garde le lecteur contre l'optimisme technologique du moment, qui voit dans les virtualités de la «réalité augmentée» la piste d'une transmutation géniale de l'Humanité et de son écosystème. Simon Charbonneau rappelle excellemment au lecteur trop béat qui serait atteint par cet emballement le risque pour l'Homme de vouloir outrepasser sa condition et son environnement, pas toujours si transmutables que cela... Sans tragédie en tout cas.

J'allais m'empresser d'insérer le lien... mais c'est pour me rendre compte que dans l'édition numérique «cet article est réservé aux abonnés».

Comment voulez-vous faire la promo des bonnes feuilles avec un marketing comme ça !

PS (qui n'a rien à voir) : Pour les experts et puristes de la langue frrançouaise qui me reprocheraient l'absence d'accord du participe passé, dans le titre du post :  "... nous ont rendu fous...", je les renverrais tout simplement... à Vaugelas ! Et tant pis si Flaubert, lui, aurait accordé. Na !


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