J’ai trouvé ces quelques poèmes dans le recueil Le poème correspondant, paru chez La Porte à la fin 2017.
Ce recueil laisse alterner les voix des deux poètes : Marie-Noëlle Agniau, née en 1973, est enseignante de philosophie ; Valérie Canat de Chizy, née en 1974, est bibliothécaire et collabore à plusieurs revues poétiques.
Je recopie les poèmes tels qu’ils ont été publiés, sans nom d’auteur : chacun essaierai ou pas d’attribuer tel ou tel poème à l’une ou l’autre.
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L’eau sur la vitre
une loupe microscopique
me fait voir l’envers
les pattes de l’insecte
ses ailes frétillant
et l’araignée
tapie
dans le coin de mon œil.
Juillet abonde de saisons
la pluie ruisselle et creuse
la peau
de rigoles.
Ma tête s’efforce
de rester bien calme
face à tant d’averses.
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La lettre dans la boîte
porte plus que des mots
sans l’ouvrir à distance
je devine sa présence
porteuse de pépites
grains de lumière
c’est de cela
dont je dois me nourrir
le papier est neutre
mais empreint de bonté
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1
Je déplie une carte
pour savoir où tu es
quel chemin suivre
dans les méandres
si les animaux traversent
les champs déserts
si comme eux
un frisson court en moi.
2
J’attends la neige
qui ne vient pas
principe actif : me perdre
les yeux en l’air,
émerveillés.
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Le cœur est liquide
amour tristesse
nous ne savons pas vraiment
où il nous mène
vers trop de perte
ou juste
vers une autre dimension.
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