Pour une raison qui s'explique mal, la masse sait que les gens d'affaires, qu'ils travaillent à Wall Street ou qu'ils soient des requins d'un peu partout, sont manipulateurs, menteurs, avaricieux et surtout égoïste; pour une raison obscure disais-je, le public croit que ces mêmes gens ont un sens critique raisonnable et un talent suffisant pour devenir le plus influent membre au pays.
Si on met les généralisations de côté, parce qu'il est certain que bien des gens d'affaires sont de simples durs travailleurs honnêtes, on ne peut nier que de penser que les gens d'affaires soient systématiquement doués pour devenir chef d'un pays est une erreur.
Prenons un pays fictif, disons les États Suffisamment Très Intimidés. Les ESTI.
Et appelons un de ses importants hommes d'affaires, Adon Ral Krump. ARK.
Si Ark citait un jour les propos d'un personnage de film comme Gordon Gekko dans le Wall Street d'Oliver Stone qui disait "greed is good". On penserait que Ark ne se rappelle plus de la fin. Où Gordon pourrit en tôle. Parce que greed, dans la vraie vie, is not good. Greed c'est l'avarice. C'est Séraphin Poudrier qui soustrait sa gentille Donalda aux plaisirs de la vie en s'accrochant à chaque sous qui l'adore et en vivant de privation. Cachant jalousement sa fortune.
Ark ne réaliserait pas que l'avarice est cousine de la jalousie, puisque que vous ne pouvez vous compter "plus" riche si il n'y a pas "moins" riche. Donc en vous comparant. Et si vous tombez sur plus riche, vous le jalouserez. L'avarice sollicite aussi une part de malhonnêteté. Pour un bon coup d'argent qu'est-ce qu'un mensonge blanc? Des vides relations se crééront dans votre entourage si elles ne sont stimulées que par l'appât du gain.
Ark, ne réalisant toujours rien de tout ça, continuera de dire que l'avarice est bon. Si bien, que le jour où il voudra devenir chef d'ESTI, il refusera de divulguer les chiffres qui sont sur ses rapports d'impôts. Parce que la triche, ça ne se partage pas.
Supposons que le public d'ESTI fait de Ark son président. Cet homme a donc de belles qualités de leader. Ooooooh! mais on lui découvre un orgueil! Tout un ego.
Alors qu'il est invité à un rassemblement de jeunes scouts, son ego prend soudainement le dessus. Incapable d'apathie, mais surtout incapable de digérer l'idée que sa rivale d'élection (UNE FEMME EN PLUS!) l'a copieusement battu au niveau du nombre de votes, il fera de l'occasion, supposée honorer les scouts, un événement sur sa propre personne. Il encouragera la foule à huer la rivale (absente des lieux et qui n'a rien à voir avec la situation) et à scander de l'envoyer en prison. On ne sait trop pourquoi. Peut-être pour faire oublier qu'on pourrait longuement enquêter sur Ark.
Son orgueil serait si difforme, qu'il ne mentirait pas une, pas deux mais bien 252 fois sur son compte Twitter à propos de la taille des foules lors de ses rassemblements publics où il prend voix.
Gouverner, c'est travailler pour les autres. Ark n'a pas cette qualité. Mais il doit en avoir d'autres. Il est président.
Oh! attendez! Qu'est-ce qui se pointe ici? l'envie? Avec une scolarité négligeable, existe-t-il plus fatigant que des gens qui savent faire leurs devoirs, leurs recherches et qui ont une intelligence agile que vous n'aurez jamais? Ark n'aimerait pas les journalistes. Par envie. La nature même d'un homme ou d'une femme en quête de vérité et de justice lui puerait au nez. Il ferait tout pour les chasser de son environnement. Comme un cochon voudrait chasser les mouches autour de lui. Mais les journalistes sont plus que des mouches. Ce sont des abeilles. Ils ne pourraient pas être mouches. Ce serait supposé que vous êtes fumier, si elles tournent autour de vous. Le buzz de leur présence rendrait Ark fou.
Et très souvent en colère. Et il trouvait un moyen salutaire de canaliser sa colère.
Son compte Twitter. Il intimiderait jour après jour quiconque ne suit pas le rythme qu'il ordonne. Son peuple d'abord. À coups de raisonnements douteux et d'amalgame de bas de gamme, il pourrait mitrailler des dizaines de tweets par jour, afin de faire passer sa rage de la vie. Il irait se recharger les batteries dans des rassemblements partisans, mais très tôt le lendemain matin. Tirerait dans toutes les directions. Comme si il voulait chasser un cauchemar. Des démons mentaux. Ou faire naître de nouveaux nuages. Question d'intimider. Et de faire trembler autour.
Heureusement qu'il y a les femmes pour qu'il relâche la tension perpétuelle dans laquelle il organise son jardin. Son vieil ami Howard lui ferait dire dans une revue pour hommes branleurs, que si sa fille n'était pas sa fille, Ark voudrait bien sortir avec...sa propre fille. Un exemple à la fois de vanité (elle lui ressemblerait beaucoup disons, mais en fille), et de jugement douteux. Ark dirait aussi qu'il aime bien saisir les femmes qui lui plaisent par le sexe. Même si ce n'est que la première fois qu'il la rencontre. Ou qu'embrasser sur la bouche, une femme qui vous plait, ne fait que répondre à une pulsion normale. Quuuuuuuuuuuuuuuuuoi? ça le relaxerait! Luxure? Mais noooooooooon. 2 femmes sur 10 voteraient pour lui? peu importe, si elles ne sont pas capables d'endurer un peu de misogynie toute simple, de sexisme ordinaire, à quoi servent-elles?
Mais Ark aurait des qualités, sinon pourquoi serait-il élu président?
On inventerait bien des choses ici ou là dans les journaux pour le prouver. Il ne peut pas avoir tout faux tout le temps. Et question de faire dévier les eaux contraires, Ark lancerait toute sortes de choses ne faisant pas de sens, très souvent par ignorance, par ouïe-dire, trop paresseux pour tenter de valider les infos ailleurs. On raconterait tant de choses par paresse intellectuelle que plusieurs des propos viendraient se retourner contre Ark.
De moins en moins enclin à faire face à ses responsabilités, 22% de son temps serait consacré au golf. Un sport de corporate shit. Un faux sport. Un refuge crasse. Son ignorance serait importante car elle nourrirait l'ignorance des gens d'ESTI. Et il compterait beaucoup sur la leur pour faire passer ses histoires, bien souvent inventées.
Chez les gens hallucinés, rien de mieux qu'un peu de pyschédélisme avec le vrai.
Et pour terminer ses dures et longues journées, on irait se sustanter dans le plus grand des buffets. Même le ventre plein. On prendrait un accord réglé il y a longtemps entre trois pays, on se plaindrait d'un déficit réel avec un de ses pays, mais relativement mineur, et on inventerait complètement un déficit avec l'autre, alors que les chiffres réels disent le contraire. Mais dans des assiettes trop pleines, on ne remarque pas toujours les épices. On voudra tout manger. Les yeux fermés. Quand on se pense affamé, on se commande toute les crèmes glacées. Et on laisse fondre celles qui ne veulent plus entrer dans le gosier.
Quelqu'un de sage a déjà dit que mourir c'était arrêter d'avoir faim.
C'est vrai.
Je rajouterais que manger le ventre plein, c'est faire mourir les autres.
Peut-être que là, seulement là, les gens comprendraient que de mettre un tel homme (d'affaires) au sommet de la chefferie d'un pays serait une grave erreur.
Mais heureusement, j'invente tout ça.