La première femme que nous rencontrons dans ce livre est Manushe, une « vierge jurée », une qui a renoncé à son apparence de femme, l’effaçant sous des vêtements amples et d’un tissu rêche, et connaît une vie sociale proche de celle d’un homme dans ce village des Balkans où arrive un jour Adrian. Ce jeune homme va la troubler au point qu’elle va abandonner sa promesse. C’est avec Adrian qu’elle ira désormais faire les courses pour le village et qu’elle ira marcher dans la nature et les montagnes environnantes. Mais Adrian cache un secret. Et Emmanuelle Favier va nous mener à sa découverte. Et, ce faisant, elle va alterner le masculin et le féminin. La violence de l’un, la vulnérabilité de l’autre, comment passer de l’une à l’autre en restant soi-même. Se trouver soi-même. Et la société résiste.
L’écriture d’Emmanuelle Favier est riche. C’est elle qui nous entraîne, prenant parfois le dessus sur le récit lui-même. Elle provoque notre imagination. Elle suggère qu’il faut bien du courage aux rivières pour ne pas se laisser sombrer dans le lac.