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César : deux ou trois choses que je sais de lui

Publié le 15 décembre 2017 par Pantalaskas @chapeau_noir

César : deux ou trois choses que je sais de luiAvec César, c’est toute une génération des sculpteurs nés au début des années vingt qui, après avoir fréquenté l’école nationale des Beaux-arts de Paris, a recouru aux rebuts pour faire œuvre.

Le temps des récupérateurs

Ces artistes récupérateurs, les César, Albert Féraud, Philippe Hiquily ou Michel Guino, à défaut de marbre ou de bronze trop cher pour leurs carrières débutantes, utilisent dans les années cinquante un peu tout ce qui leur tombe sous la main : ferrailles, déchets divers, vieux ustensiles. Ces jeunes turbulents troquent alors le burin pour le fer à souder. Certes, le recours aux matériaux de récupération s’est développé depuis mais, à l’époque, la rupture avec l’utilisation habituelle des matériaux nobles opère un choc violent.
Pour autant les chemins de ces artistes allaient se singulariser. Alors que Féraud, Hiquily, Guino poursuivent dans cette veine des métaux soudés, César développe une œuvre double. Dans les casses de voitures que fréquentaient aussi bien Féraud que César, ce dernier ouvre une autre approche de sa sculpture, avec un regard sur le monde que le Nouveau réalisme conceptualise dès 1960.

Nouveau réalisme

Ce que Pierre Restany, décrivait comme le « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire » donne au nouveau réalisme une dimension supplémentaire à la sculpture de César qui découverte une presse américaine chez le ferrailleur de Gennevilliers où il avait l’habitude de se fournir en ferrailles pour réaliser ses sculptures soudées. A partir de ce moment, César introduit dans son acte de sculpteur une certaine « objectivité » de la machine, situant alors son geste au cœur de la société industrielle. Les célèbres compressions qui ont marqué l’image du sculpteur ouvrent la voie à cette nouvelle œuvre à côté, et même devant celle des fers soudés. César ne sera pas devenu pour autant un artiste du concept. Son approche restera (je crois) celle d’un instinctif, d’un intuitif mais cependant cette œuvre nouvelle le situe dans un courant contemporain distant de celui de ses amis de l’école des beaux-arts.
Dans ce groupe du Nouveau réalisme une émulation permanente entre Arman et César animera jusqu’au bout la carrière des deux artistes. Entre les accumulations d’Arman et les compressions de César, les chemins se croisent souvent. L’exposition César au Centre Pompidou présente certaine de ces pièces qui s’apparentent à des accumulations d’objets compressés. Symétriquement on retrouve ces accumulations compressées chez Arman.
L’exposition du Centre Pompidou, on le sait, ne fait que réparer une injustice, celle de n’avoir jamais présenté César de son vivant. Le grand espace unique de l’exposition associe ces deux aspects de l’itinéraire du sculpteur. S’y ajoutent bien sûr les expansions produites à partir de la mousse de polyuréthane qui confortent cette image d’un artiste associé aux courants contemporains. Car ce sont de véritables happenings auxquels se livre César quand il crée ses premières expansions éphémères devant un public en 1967.
A côté des Hiquily, Féraud, et Guino, César bénéficiera d’une notoriété et d’un succès qui feront de lui un des artistes les mieux reconnus de son temps.

César : deux ou trois choses que je sais de lui

César en 1970

J’avais eu le privilège d’accompagner (et de filmer) en 1970 César pour la réalisation  de ses compressions dans l’énorme presse de la casse automobile où il opérait habituellement. L’homme aimait à se montrer maladroit dans son discours comme s’il se sentait incapable de s’exprimer autrement que par l’action. Mais son œil pétillant trahissait cette posture.

Photos de l’auteur

César, la rétrospective
13 décembre 2017 – 26, mars 2018
Centre Pompidou de Paris


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