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Vous voulez faire la guerre : faites-la vous-mêmes !

Publié le 15 décembre 2017 par Paulo Lobo
Ce matin, dans la voiture, j'ai écouté les chansons du dernier album de Morrissey "Low in high school".
Une phrase : "Tombs are full of fools who gave their lives upon command."
Il a raison, le chanteur. Si tous les soldats du monde refusaient d'obéir, refusaient de faire la guerre, ils seraient bien embêtés, les présidents, généraux et autres hauts dignitaires, qui s'arrangent toujours pour envoyer les enfants des autres sur les champs de bataille.
Vous voulez faire la guerre: faites-la vous-mêmes !
Tant d'injonctions, d'impositions, de commandements, ma vie pour la patrie, la gloire de la nation, le peuple, la démocratie, croître, construire, produire, consommer, innover, aller de l'avant, entreprendre, se positionner, développer son potentiel, réussir.
Tant d'habits et de masques. Tant de coeurs sur la défensive, prêts à bondir et à sursauter. Étalage d'egos, foire aux vanités, apologie du réseau, on se jauge, on s'évalue, on jappe devant le puissant, on toise le miséreux, jubilation élective, amitiés intéressées, stratégies de prestige et de monétarisation.
Plus tard, après le strass et les paillettes, après les coupes fines et les en-cas bienséants, après les sourires de circonstance et les éclats de voix,
après la comédie humaine des frivolités et pièges à cons,
arrive la solitude annoncée des fins de soirée sans lendemain, la nuit infinie, la cruauté des écrans dévorants, la conscience d'un gouffre existentiel terrifique.
Le masque tombe - surtout ne pas regarder le miroir.
Est-ce que tu penses tout le temps, est-ce que ton cerveau fabrique des images et des réflexions en continu, élabores-tu tes phrases dans ta tête avant de les lâcher dans la nature, histoire de ne pas les regretter par la suite ?
A toutes ces questions, je réponds : je ne sais pas.
Mon monde intérieur est de plus en plus dense et opaque, j'ai peur de m'y aventurer sans me munir d'une torche puissante. La plupart du temps, je préfère ne plus m'engouffrer dans ces strates nébuleuses, je reste bien au chaud dans le confort de ma superficialité, dans la distraction rassurante des actes et des paroles.
Je garde certaines certitudes.
Je dois relire Dostoïevski et revoir Blow Up de Michelangelo Antonioni.
Plus je vieillis et plus mes rêves de jeunesse deviennent fausseté.
Vous voulez faire la guerre : faites-la vous-mêmes !

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