Magazine Culture

Bakht et Bakhta

Publié le 17 décembre 2017 par Le Journal De Personne

Dans les années 60, une professeure de français tomba folle amoureuse de son élève, alors âgé de 17 ans. On lui intenta un procès pour détournement de mineur. Elle a fini par se donner la mort en désespoir de cause. Cette histoire a été adaptée dans un film intitulé : "Mourir d'aimer" avec Annie Girardot.

Dans les années 80, une professeure de français tomba folle amoureuse de son élève qui avait à peine 15 ans. Elle ne fut ni inquiétée, ni contrainte et forcée de le quitter... son amour a perduré. Les deux amants occupent aujourd'hui l'Élysée, lui comme Président et elle comme première Dame.

Les tragiques grecs nous ont appris que le malheur ne choisit pas... il se pose nous dit Eschyle, "aujourd'hui sur l'un, demain sur l'autre"...

On peut en dire autant du bonheur... c'est ce qui rend la vie, parfois, souvent, toujours injuste.

Ce qui est hérité n'est pas toujours mérité. On a beau lutter, l'issue ne dépend pas seulement de notre volonté...

La fatalité a toujours son mot à dire... pour nous bénir ou nous maudire !

Les portes s'ouvrent devant l'un et se referment devant l'autre. Constat d'apôtre.

L'arabe littéraire avait un mot pour décrire ce phénomène aléatoire : hasard : la cause qu'on ignore ou la cause qui nous ignore. C'est selon.

L'arabe populaire dispose d'un autre vocable pour détecter l'indétectable :

Il dit Bakht ou Bakhta pour désigner l'heureux hasard ou le destin chanceux.

C'est Brigitte Macron qui l'a eu... ce n'est pas Yseult, ni Juliette, ni Leïla... parce que ses amours ont été couronnés de succès. Fort heureusement pour elle et pour sa légende personnelle.

Elle c'est Bakhta, le cul bordé de nouilles. Et Emmanuel c'est Bakht : des couilles en or, pour utiliser ses expressions familières.

En effet quand le hasard ne nous est pas favorable, on parle de malchance, de malheur ou de conscience malheureuse.

Et quand le hasard nous est favorable, on parle de chance, de bonheur ou de conscience heureuse.

Les grecs croyaient à juste titre, à l'existence de cette chance. Dur comme fer.

Mais on ne peut ni la cultiver, ni l'apprivoiser mais seulement chanter ses louanges ou blâmer son absence...

Il faut avoir un bon daïmon... un ange gardien pour réussir sa traversée.

Le latin dit : Bonum augurum, pour dire bon augure ou bonne fortune. Bonne chance, comme on dit.

Cela revient à diviser le monde en deux :

D'un côté les chanceux, de l'autre les malchanceux.

Distinction économique entre fortunés et infortunés.

Distinction théologique entre graciés et disgraciés.

Distinction politique entre gagnants et perdants.

Toutes ces distinctions renvoient pour un tragique grec à notre ADN cosmique qui est constitutif de notre être :

Pour les uns ce sera facile, pour les autres très très très difficile... notamment pour celui qui vient au monde : petit, laid et étriqué !

Et cette distribution des sorts n'est pas de notre ressort... pour le plomb comme pour l'or.

On parle de félicité pour décrire ces moments propices, de bonheur factice, mais il n'y a pas de quoi s'en féliciter, parce que c'est écrit : Mektoub !

Et même si on n'a aucune vision fataliste, ni aucun tempérament pessimiste ou défaitiste, force est de constater le hiatus, le fossé qui sépare les nantis des anéantis, les superbes et les humbles qui ont inventé l'humilité pour ne pas perdre pied ou succomber devant cette injuste répartition de la beauté, de la richesse et des talents par dessus le marché.

L'effort réduit l'écart mais ne le supprime pas. Il le déduit tout au plus de ses impôts.

On dit Hasard mais il est peut être plus judicieux et moins litigieux de dire Gabart, François Gabart qui vient de réaliser en solitaire le tour de monde en mer... sans ennuis techniques et sans ennuis météorologiques. On dit que rien ne lui résiste mais on oublie qu'il est tout simplement béni des dieux...

Je ne suis pas méchante et je ne vais pas faire comme si j'étais savante mais mon petit doigt me dit : qu'il a eu droit à 10% de respiration et 90% d'inspiration... Gabart, Gabakhta !

C'est une question de chance... happ : c'est la racine islandaise qu'on retrouve dans l'anglais happiness... qui nous pousse à croire que pour être heureux, il faut être tout simplement chanceux.

Si vous l'avez, vous êtes auprès de Dieu.

Si vous ne l'avez pas, c'est Dieu qui est auprès de vous.

Auteur interprète : Emeline Becuwe

Scénario : Emeline Becuwe

Actrice : Emeline Becuwe


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Le Journal De Personne 76484 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte