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Couvrez ce sein que je ne saurais voir

Publié le 18 décembre 2017 par Paulo Lobo

Couvrez ce sein que je ne saurais voir

Jessie

Il suffira d'un jour et la nuit ne sera pas. Le bruit des voitures sur la chaussée mouillée sans se soucier de leur tuyau d’échappement : une fuite en avant, un jemenfoutisme caractérisé, la route poétique et évanescente ou simplement un monde en mouvement qui se fait transporter d'un point A à un point B. Un hiver s'installe durablement pour faire plaisir à tous ceux qui aiment les lumières dans la nuit. Habillé pour la circonstance, je chausse du 43, je suis au centre de l'univers  mais la conscience que j'ai de moi-même a du plomb dans l’aile. Bientôt la réalité viendra sonner à ma porte, combien de temps encore pourrai-je dire je suis. Qui me prendra en charge quand je ne serai plus moi et à quoi serviront tous ces mots que je jette en l’air et qui retombent ensuite dans un hasard apparent et fortuit. Il y a l'instant éphémère, il y a la conjugaison des idées et des sons, il y a tout ce qu'on entend et tout ce qu'on voit, il y a le sentiment trouble de ne pas saisir les objets dans toute leur complexité, il y a des visages qui sont ce qu'il sont et qui regrettent ce qu'ils ont été. La vaste connaissance du monde n'est pas rassurante par nature. Je préférerais m'engouffrer dans les rues d’un roman policier où les choses sont claires et nettes, avec un meurtre à élucider, des motifs inavoués et un détective étrangement désabusé qui est bien sûr du côté de la justice, du côté de la morale, malgré tous les cynismes qu'il a rencontrés sur son chemin, malgré toutes les cruautés, tous les abus de pouvoir dont il a été le témoin au cours de sa carrière. Ce détective, que nous appellerons James par souci d’authenticité, n’est plus tout jeune, a connu des amours et des désamours, est d’un naturel solitaire et méfiant, une carapace cachant une sensibilité à fleur de cœur. Il a vécu une grande histoire sentimentale traumatisante, qui lui a valu une dépression foudroyante, il a survécu - mais on n'en saura pas plus dans la première partie du roman. D’abord laissons-le se pencher sur ce meurtre aux contours énigmatiques. C'est rassurant un récit codé, qui me prend par la main et me propose une narration logique, un suspense, un mystère, un souffle de vie. Contrairement à toutes ces phrases tirées à bout portant sur le papier étrangement creux et stérile. À chaque fois je reviens vers le souvenir, vers ce qui n'est plus – mais ce mot « plus », je ne peux plus le voir.  Cachez ce mot que je ne saurais voir !

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