Partager la publication "[Critique] POTTERSVILLE"
Titre original : Pottersville
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Seth Henrikson
Distribution : Michael Shannon, Judy Greer, Ron Perlman, Christina Hendricks, Ian McShane, Thomas Lennon…
Genre : Comédie
Date de sortie : 15 décembre 2017 (Netflix)
Le Pitch :
Une petite ville sans histoire devient le centre d’attention de tout un pays quand le célèbre Bigfoot y est aperçu à plusieurs reprises. Une créature qui n’est pas exactement ce qu’elle a l’air d’être…
La Critique de Pottersville :
Petite production modeste, Pottersville est l’œuvre d’un certain Seth Henrikson. Ce nom ne vous dit rien ? C’est normal ! Impossible par contre de ne pas être attiré par le casting, qui réunit quelques acteurs de premier plan parmi lesquels l’intense Michael Shannon, ici à contre-emploi par rapport aux rôles de psychopathes et autres mecs torturés qu’on lui propose le plus souvent. Et si ce sont justement les acteurs et non le réalisateur qui attirent le regard de prime abord, le film lui, s’arrange pour retenir l’attention durant une petite heure trente…
Holiday Special
Pottersville est un film de Noël. Pas un de ceux qui mettent en scène Santa Claus et ses elfes et définitivement pas un classique en puissance. Non, Pottersville est un petit film très modeste et très sympathique qui n’entend pas rivaliser avec les mastodontes du genre mais juste raconter une histoire plutôt originale avec générosité et sans cynisme. En prenant pied pendant les fêtes, dans une de ces charmantes petites bourgades américaines où le temps semble s’être arrêté, en faisant intervenir ce bon vieux Sasquatch, alias Bigfoot…
Et oui, l’originalité de Pottersville est là : du côté de Bigfoot, qui ici, attire le feu des projecteurs sur une ville qui n’a rien demandé à personne mais qui accueille avec bonheur cette nouvelle notoriété. L’occasion pour le film de gentiment critiquer ce besoin de célébrité aujourd’hui omniprésent dans la société et de rappeler in fine les bonnes vieilles valeurs de Noël. Le partage, l’amour, la tolérance aussi… Bref, Pottersville ne cherche pas à ne pas sonner avec un peu de mièvrerie et c’est d’ailleurs peut-être pour ça qu’il s’en sort plutôt bien, ne sombrant pas dans un océan de guimauve comme peuvent parfois le faire les productions du genre.
Bigfoot et Santa Claus
Voir Michael Shannon camper avec bienveillance un épicier alors que Ron Perlman interprète un shérif un peu à la ramasse, avant que ne déboule l’excellent Thomas Lennon, dont le rôle apporte une touche de folie au récit, a quelque chose de très divertissant. Comme Ian McShane, dont le personnage permet à Pottersville de venir faire du pied au film de Spielberg, Les Dents de la Mer, ou encore la présence de la trop rare Christina Hendricks et de l’impeccable Judy Greer… Des comédiens qui s’amusent et qui prennent un plaisir évident à faire vivre une partition sans prétention, mise en scène par un réalisateur pas super inspiré il faut bien le dire, mais suffisamment talentueux pour ne pas commettre de gros impairs. Il est clair que ce ne serait pas pour les acteurs, Pottersville ressemblerait parfois à un de ces téléfilms qui passent en période de fêtes à la télévision. Y compris à la fin, quand l’esprit de Noël balaye tout sur son passage à l’occasion d’un happy end aussi prévisible qu’assez plat… Mais l’émotion est là alors qu’importe… Avec en prime une belle référence au classique La Vie est Belle, de Frank Capra.
Quand on ne prétend pas inventer la poudre, qu’on se « contente » de faire preuve de sincérité et de bienveillance envers ses personnages et son public, comme le fait Pottersville, l’indulgence et le lâcher-prise sont de mise. Et en plus, c’est parfois très drôle.
En Bref…
Un joli petit film de Noël en forme de conte. Plutôt fédérateur et généreux, Pottersville n’évite bien sûr pas certains clichés, mais là n’est pas l’important. Totalement dénué de cynisme, plutôt drôle et soutenu par des acteurs très à l’aise, le spectacle ne manque pas de charme.
Indigné d’avoir vu Pottersville taxé de « pire film de tous les temps » par un critique, Ron Perlman, qui en plus d’apparaître devant la caméra, a co-produit le projet, a affirmé que « c’était à cause de critiques comme celle-là que cette superbe forme d’art qu’est le cinéma est en train de se transformer en une mascarade de mecs en spandex », finissant par un « Pottersville : fait avec amour ». Et c’est exactement ça : Pottersville est un charmant petit film qui respire l’amour et la sincérité.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Netflix