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[Critique] LE GRAND JEU

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] LE GRAND JEU

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Titre original : Molly’s Game

Note:

★
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★
★
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Aaron Sorkin
Distribution : Jessica Chastain, Idris Elba, Michael Cera, Kevin Costner, Jeremy Strong, Chris O’Dowd, Bill Camp, Brian d’Arcy James, Samantha Isler…
Genre : Drame/Thriller/Biopic/Adaptation
Date de sortie : 3 janvier 2018

Le Pitch :
Molly Bloom, une ancienne championne de sky freestyle, décide un jour de s’affranchir de l’autorité parentale pour aller tenter sa chance à Los Angeles au cours d’une année sabbatique. Sur place, elle trouve rapidement un emploi dans une société qui organise notamment des parties de poker. Voyant là l’occasion de gagner un maximum d’argent, Molly commence à voler de ses propres ailes dans le milieu, organisant ses propres parties avec des joueurs aussi riches que célèbres. Grisée par le succès, elle ne se méfie pas quand la mafia s’intéresse à son business lucratif, au point de la placer dans la ligne du mire du FBI. Histoire vraie…

La Critique de Le Grand Jeu :

Scénariste vedette aux États-Unis, responsable des scripts des séries À la Maison Blanche et The Newsroom et de ceux de longs-métrages acclamés comme Le Stratège et Steve Jobs, Aaron Sorkin a décidé de se lancer dans la mise en scène. Pour cela, il s’est attelé à l’adaptation du livre de Molly Bloom, qui raconte comment une jeune femme surdouée est devenue la reine du poker aux États-Unis. Une femme qui a non seulement réussi à fédérer les stars, les athlètes et les millionnaires autour de ses tables de jeu, mais aussi à se créer elle-même une réputation qui a rapidement attiré les convoitises, puis les problèmes. Sorkin qui a donc préféré partir d’un livre et non écrire une histoire inédite, peut-être dans le but de pouvoir gérer à la fois la partie rédactionnelle de son projet, mais aussi, pour la première fois donc, la mise en scène. Attendu au tournant, Sorkin a fait tapis. Il a tout donné, épaulé par un casting dominé par une Jessica Chastain en état de grâce. Pour quel résultat ?

Le-Grand-Jeu-Jessica-Chastain-Idris-Elba

Main gagnante

On a présenté Le Grand Jeu comme une version féminine du Loup de Wall Street. Bien sûr, une telle comparaison est plutôt réductrice mais au fond, il y a un peu de ça. Ne serait-ce que parce que les deux films racontent la montée en puissance d’un personnage charismatique et intelligent, qui joue avec le système dans son propre intérêt. C’est le bon vieux refrain ascension et chute. Une déclinaison du fameux rêve américain vu à travers les yeux de quelqu’un qui refuse de se soumettre et qui parvient à bâtir, non sans y laisser des plumes, un véritable empire. Le truc, c’est que Le Grand Jeu est à la fois beaucoup moins radical dans son approche du sujet et aussi moins virtuose techniquement parlant que Le Loup de Wall Street. Aaron Sorkin n’est pas Martin Scorsese et l’histoire de Molly Bloom, si elle présente des points communs avec celle de Jordan Belfort, est tout de même assez différente. Cela dit, Sorkin cherche aussi à raccrocher ses wagons avec ceux de Scorsese. Dès le début, il adopte une rythmique soutenue qui ne faiblira pas vraiment au cours des 2h20 que dure le film, même si au bout d’un moment, la démarche, qui repose sur une voix off quasi-omniprésente et sur tout un tas de gimmicks issus du cinéma de Scorsese et de certains de ses illustres contemporains, atteint ses limites. Autrement dit, Le Grand Jeu ne peut pas tout le temps cacher sa condition de bon élève studieux mais peu audacieux. Pour autant, si il ne fait pas preuve d’une originalité flagrante, que ce soit dans son déroulement ou dans sa réalisation, le film de Sorkin reste souvent flamboyant, vif, nerveux et passionnant. La « faute » à la verve de Sorkin, qui convient parfaitement à la figure de Molly Bloom et à Jessica Chastain donc…

All you need is Jessica Chastain

Car si il faut bien retenir quelque chose du Grand Jeu, c’est que Jessica Chastain y trouve l’un de ses meilleurs rôles. En campant Molly Bloom (c’est d’ailleurs la vraie Molly Bloom qui a choisi l’actrice), la comédienne trouve immédiatement le ton juste et parvient à porter sur ses épaules un long-métrage qui lui doit beaucoup. Aaron Sorkin en est d’ailleurs visiblement conscient, lui qui ne lâche pas Jessica Chastain et qui passe son temps à la filmer passionnément, parvenant à mettre en valeur un jeu plein de sensibilité, qui repose sur un savant mélange plein de saveur, entre gravité et légèreté. Et si Le Grand Jeu ne vaut peut-être pas Le Loup de Wall Street, Jessica Chastain elle, mérite tout autant d’éloges que Leonardo DiCaprio, dans un rôle casse-gueule, dont elle s’acquitte avec un talent incroyable. Jessica Chastain qui se paye en plus le luxe de ne pas faire de l’ombre à ses partenaires, parmi lesquels Kevin Costner, impérial, Michael Cera, Chris O’Dowd, ou encore Idris Elba, ici à l’aise dans les pompes d’un personnage qui lui convient parfaitement.
De quoi offrir à ce Grand Jeu une aura pour le coup particulière, qui suffit à excuser les petites imperfections dénotant du statut de débutant en matière de réalisation de Sorkin. Quelques faux raccords par-ci par-là, des raccourcis, des clichés… Rien de grave tant le scénariste ne lâche jamais l’affaire, visiblement passionné par son sujet et par le personnage qu’il s’efforce avec succès de faire briller, dans cette métaphore de la place des femmes dans la société d’aujourd’hui. Le Grand Jeu qui prend aussi des airs de conte initiatique moderne. Un long-métrage actuel, souvent brillant dans le fond, parfois prévisible mais super prenant. Un vrai morceau de cinéma savoureux et généreux, qui, à défaut d’apporter vraiment quelque chose, sait raconter son histoire en y mettant les formes.

En Bref…
Pour la première fois à la réalisation, Aaron Sorkin brille davantage par son écriture au cordeau que pour sa mise en scène qui lorgne sans cesse du côté de Scorsese. Néanmoins, il sait profiter des atouts qu’il a main et offre un film passionnant et souvent puissant, bien aidé par la magnétique Jessica Chastain qui pour sa part, s’impose sans en faire des tonnes dans un rôle taillé sur mesure. Si Le Grand Jeu est aussi bon, c’est avant tout grâce à elle.

@ Gilles Rolland

Le-Grand-Jeu-Jessica-Chastain
  Crédits photos : SND


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