C’est d’abord la moustache d’Hercule Poirot qui hameçonne les spectateurs. Moustache qui mérite bien un dispositif particulier pour la nuit. Et puis il a de l’humour, ce détective brillant : il est belge. Le réalisateur nous entraîne dans un paysage de montagnes enneigées digne des images que j’en avais dans mon enfance. On a l’impression d’être ailleurs, d’où que l’on vienne. Et tellement ailleurs que se retrouvent dans ce train au superbe panache de fumée (qui rivalise avec la susdite moustache) des gens de toutes origines : des langues se croisent, se heurtent, des propos se nourrissent de l’histoire européenne, voire mondiale. Et c’est ce jeu qui nous tient en haleine, peut-être plus que la recherche de la vérité. Cette vérité n’est, au reste, qu’une construction habile reposant sur des piliers semblables à ce pont sur lequel le train est bloqué par un amas de neige. Ça tient comme ça peut, mais c’est assez solide pour une conclusion en forme de tableau représentant la cène : douze suspects face à l’intelligence du belge moustachu. Vous avez le choix, leur dit-il en substance, entre vous en remettre à votre Dieu ou à Hercule Poirot.