Comme il est exact, le désespoir !
A la même heure jour après jour
il apparaît sans ruse aucune
et me châtie d’un coup.
Des étincelles volent autour de moi,
mon cœur appelle tous les anges,
mais le ciel est une mer
et Jésus dérive dans une barque
très loin à l’autre bout du monde,
où sont tous ceux qui aident,
et mon dernier espoir aboie
sur le rivage, à contre-vent.
Je sens alors que personne ne m’entend,
je ramasse en silence les étincelles,
mon cœur – qui me conjure en crépitant –
lentement se transforme en une pierre à feu.
*
Wie pünktlich die Verzweiflung ist!
Zur selben Stunde Tag für Tag
erscheint sie ohne jede List
und züchtigt mich mit einem Schlag.
Dann stieben Funken um mich her,
mein Herz ruft alle Engel an,
der Himmel aber ist ein Meer
und Jesu treibt in einem Kahn
sehr weit am andern Rand der Welt,
dort, wo die Helfer alle sind,
und meine letzte Hoffnung bellt
am Ufer durch den Gegenwind.
Ich spür dann, daß mich niemand hört,
und sammle still die Funken ein,
mein Herz – das knisternd mich beschwört –
wird nach und nach zum Feuerstein.
***
Christine Lavant (1915-1973) – Les Etoiles de la faim (Orphée/La Différence, 1993) – Traduit de l’allemand par Christine et Nils Gascuel.