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Bamba – Nephilim

Publié le 10 janvier 2018 par Hartzine

Quand je pense à Montpellier, je pense surtout à la gare de Montpellier Saint-Roch, dans laquelle j'ai passé un temps infini à attendre des Intercités théoriquement sur le départ, ou alors à Nicolas Bourriaud, tentant une énième fois de réinventer " l'exposition " comme le dernier ersatz d'un monde hétéro-blanc post-moderne déjà enterré. Rien de sexy a priori. Et franchement, en tombant sur Nephilim de Bamba, je me dis que j'aurais dû mettre ces heures à profit pour aller écouter un peu la musique qu'on produit là-bas.

Imaginiez-vous possible une sorte de croisement parfait entre MHD, afrotrap et Bala Club, néo dancehall, reggaeton, dubstep, grime et autres chelouteries électroniques ? Parce que c'est à peu près comme cela qu'on pourrait parler de Bamba. Le tout chanté en français et en espagnol.

Si on a tous et toutes découvert la puissance musicale de MHD après un buzz YouTube, quelques segway et deux trois moqueries mal placés à son égard, on connait moins, ou en tout cas on envisage moins ce qu'il a apporté, consciemment ou non, comme tentative esthétique. L'afrotrap n'est pas un vain mot, un vain concept marketing. C'est un genre possible. Une sorte de digestion entre le hip hop autotuné à la française, le zouk, l'afro-beat et l'électronique des plus monstrueuses. On connaît aussi la vivacité de la scène hip hop française SoundCloud, de Thanas à Jäde en passant par les productions de Rolla, Bon Gamin et tout le crew Retro X. Sans parler de la scène électronique bizarre qui tourne autour de Bala Club ( lire) ou Janus - dont on a déjà abondamment commenté l'intérêt.

Et bien Bamba croise tout ça pour produire un album dont les tracks ne laissent pas de marbre. On y retrouve le demi-dieu King Doudou, qui produit quasiment tout ce qui se fait d'intéressant à travers le monde, B Skippy, Endgame, Wwwings ou encore l'incontournable DJ NA. Bref, la grande classe des internets réunie dans un album français. Bamba réussit donc un pari étrange et plein de promesses, un grime à la française, un néo-afrobeat, un dancehall bizarre, un reggaeton chelou, une sorte de bailefunk voire, si on peut parler de zoukbass, de la zoukbass. Presque un genre à lui tout seul.

On entend sur Nephilim aussi bien des références au hip hop le plus connu, Booba, MHD, PNL, en tout cas beaucoup d'autotune, que des productions néo-kuduro à la Lycox ou encore un truc assez Gqom. C'est une incarnation de l'hybridation comme mode de production, un album aussi singulier que brillant.

Ce qui, peut-être, caractérise le changement d'époque et de paradigme qu'on vit, dans la musique comme ailleurs, c'est une hybridation réelle. Une hybridation qui n'est plus injonction à l'ironie permanente mais au contraire pratique concrète. Pratique concrète dont le matériau est un ensemble de genres ou de matériaux d'habitude relégué à la moquerie ou aux gros yeux des critiques. Peut-être qu'au fond, c'est cela le changement : la fin post-moderne, une fin de l'ironie comme injonction et un retour à une sincérité réelle qui a sans doute plus à voir avec les monstres et les sorcières qu'avec un énième nouveau placement produit. Plus à voir avec une production sans a-priori. Bref, plus à voir avec l'art et la vie vraiment confondus.

Vidéo

Tracklist

Bamba - Nephilim (07 janvier 2018)

01. Hummin
02. Badman Place (prod. by B Skippy)
03. Tarpé (prod. by ENDGAME x Wwwings)
04. Deseo
05. Heartless
06. Dans le mood (prod. by Ahadadream)
07. LB (Ft. LosBelamigos)
08. Atsuko Jackson
09. Aku-Aku (prod. by King Doudou x Daniel Haaksman)
10. Vampira (prod. by DJ NA)
11. Rebirth


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