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Oser partager son travail : une vraie compétence

Publié le 12 janvier 2018 par Diateino

Share WorkIl nous est parfois difficile de partager notre travail : nous avons le sentiment que notre idée n’est pas assez aboutie, que ce prototype a besoin d’être encore amélioré, que ce projet n’a rien d’original ou qu’il est trop original ! Nous ne manquons pas d’excuses pour repousser à plus tard, et parfois à jamais, le moment de montrer notre travail.

Sunni Brown, l’auteur de Le Gribouillage c’est tout un art, est facilitatrice graphique. Elle est constamment amenée à partager son travail, parfois en direct avec ses clients ! A ses yeux, oser partager son travail constitue une vraie compétence à développer. Elle s’en explique ainsi :

« J’ai conscience que cela ne sonne pas comme une vraie compétence, mais vous seriez surpris de savoir combien cela peut être difficile pour beaucoup de gens. Le public peut être cruel (ou du moins manquer de tact), et le moindre incident bizarre peut faire disparaître un gribouilleur sous terre. Cela vaut le coup de ne pas laisser les autres tarir notre envie de partager. Tout d’abord, pourquoi faut-il montrer notre travail aux autres, et risquer la honte, la déception ou une baisse de statut social ? Comment sommes-nous récompensés de cette prise de risque ? Je voudrais que vous y réfléchissiez par vous-même 10 secondes. Là, maintenant. Puis je vous dirai ce que j’ai retiré du fait de montrer mon travail, et cela en valait la peine.

Ces dernières années, mon mari a vu et entendu une quantité ridicule d’idées que j’ai gribouillées ou simplement exprimées à haute voix. Son feedback (et celui de mon producteur, mes éditeurs, et mon public réel et virtuel) a été inestimable. Grâce aux yeux et aux esprits d’autres personnes sur mon travail, un éventail d’opportunités s’est offert à moi, comme :

  • L’opportunité d’améliorer mon travail et mes idées.

Grâce aux autres, j’ai échappé à des bourdes, des hypothèses défaillantes, de mauvaises blagues, et des structures visuelles pourries. Nous sommes tous aveugles quant à notre propre travail, et pouvons donc avoir du mal à l’évaluer. Ceux qui sont vraiment attentifs à ce que nous faisons peuvent affûter nos outils ou arrondir nos angles. C’est un cadeau qui vaut la peine d’être reçu.

  • L’opportunité de m’endurcir et d’admettre que je peux supporter le rejet.

Dites-vous que peut-être le rejet n’est pas personnel et que vous n’en êtes pas prisonnier. Pensez-y comme à ces petites doses de poison qui, avec le temps, vous rendront fort comme Mother Jones[1]. Plus vite que vous ne le croyez, vous vous retrouverez à partager votre travail sur Internet, à demander un feedback à des proches et des moins proches, et vous n’en ferez pas toute une montagne. Vous le ferez simplement pour progresser (d’ailleurs, quand les gens critiquent sans compassion ni curiosité, cela en dit plus long sur eux que sur votre travail).

  • L’opportunité de transmettre aux autres quelque chose qui me semble important.

Si je ne partage pas mon travail, les autres ne reçoivent pas ma contribution. Et même si ça ne prend pas à tous les coups, de temps en temps, j’arrive à toucher quelqu’un. Je lui montre un concept visuel qui élargit sa vision du monde. Il change les règles du jeu ; il modifie sa perception. C’est mon cadeau, de la même manière qu’en montrant votre travail aux autres, vous leur ferez un cadeau. Ne privez donc pas les gens de la possibilité de grandir en découvrant ce que vous faites. Vous protéger des attaques verbales ne vaut pas ce sacrifice. »

On dit souvent que le feedback donné à une personne est un cadeau qu’on lui fait car cela l’aide à progresser. Sunni Brown renverse cette logique et considère que celui qui partage son travail offre un cadeau à l’autre : il lui offre la possibilité d’être touché. Pensez-y la prochaine fois que vous vous représentez le partage de votre travail comme un tribunal ou un couperet, remplacez cette image par celle d’un beau cadeau !

[1] Mary Harris Jones, dite « Mother (maman) Jones », était une institutrice américaine qui avait perdu son mari et ses quatre enfants dans la même épidémie de fièvre jaune. Après avoir déménagé à Chicago et avoir ouvert une boutique de confection, elle a à nouveau tout perdu dans le grand incendie de la ville. Son chemin l’a finalement amenée à devenir une extraordinaire syndicaliste, si efficace quand il s’agissait de rassembler « ses garçons » que le président américain de l’époque, Théodore Roosevelt, l’appelait « la femme la plus dangereuse d’Amérique ».


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