J’ai attaqué mon cadeau de Noël avec énergie en affrontant la brique qu’est La serpe de Philippe Jaenada, prix Fémina 2017. Déjà, une telle reconnaissance, ça encourage son lecteur. Eh bien! j’ai adoré.
Il faut dire qu’Henri Girard, après bien des péripéties, des hauts et des bas, deviendra écrivain sous le nom de plume de Georges Arnaud. Il est notamment l’auteur du livre qui inspirera le film du même nom : Le salaire de la peur.
Jaenada finit par céder à Manu. Et il ne le fait pas à moitié. Il lit tout ce qui a été écrit sur le sujet, écoute les reportages et les émissions plus récentes sur ces assassinats sordides. Puis il part pour Périgneux se plonger dans les archives. Il retourne aux sources. Et là, il tire un à un les fils de la pelote informe que constitue cette affaire et tout change. Une lumière nouvelle éclaire les faits, les personnages. Les forces policières et justicières qui ont mené l’enquête et le procès en prennent pour leur rhume.
La démarche de Jaenada est fascinante, son écriture, claire et précise, son humour, imparable. L’histoire, ainsi dépoussiérée, fouillée, interrogée, nous captive tout autant que celles d’un John Le Carré. Et ce que j’ai rigolé! Il multiplie les digressions et les parenthèses sans nous ennuyer, chacune allégeant un peu ce que les faits rappelés ont de sinistre sans pour autant évacuer toute émotion. Très habile! Et difficile à citer hors contexte.
Philippe Jaenada, La serpe, Juliard, 2017, 643 pages