Les trépidants nous sommes.
Mais chaque pas du temps,
prenez-le juste comme
un rien dans le constant.
Tout cela qui se presse
sera du passé. Mais ici-
même, seul ce qui reste
vraiment nous initie.
Ne jetez point vos hardiesses
Ô jeunes gens dans la vitesse,
ni dans l’envol l’essai de vivre.
Tout repose en sérénité,
l’obscur, la clarté,
la fleur et le livre.
*
Wir sind die Teibenden.
Aber den Schritt der Zeit,
nehmt ihn als Kleinigkeit
im immer Bleibenden.
Alles das Eilende
wird schon vorüber sein ;
denn das Verweilende
erst weiht uns ein.
Knaben, o werft den Mut
nicht in die Schnelligkeit,
nicht in den Flugversuch.
Alles ist ausgeruht :
Dunkel und Helligkeit,
Blume und Buch.
***
Rainer Maria Rilke (1875-1926) – Sonnets à Orphée (Orizons, 2012) – Traduit de l’allemand par Charles Dobzynski.