Il y a des livres qu’on oublie, d’autres dont on se souvient toujours. Comme La route de Cormac McCarthy. Comme Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin. Du moins, j’en fais la gageure. Moins apocalyptique que le précédent, Le poids de la neige ne nous projette pas moins dans un monde post-catastrophe dont on ignore tout à part le fait que plus rien ne fonctionne et que les gens, aux abois, risquent de s’entretuer. Mais ils n’en sont pas encore là.
Le poids de la neige est d’abord et avant tout une œuvre d’atmosphère plutôt que d’action. Les quelques affrontements sont moins conséquents que la risque d’affrontement. C’est le règne des promesses trahies, du chacun pour soi. Mais aussi des instants d’entraide, de tendresse et d’espoir. La mort qui rôde fait surgir le meilleur et le pire de l’être humain.
Le style de l’auteur est sobre, factuel, efficace. Il dessine son monde en noir et blanc. Et nous y sommes, dans ce coin de pays que la neige menace d’effacer.
Des cristaux de neige longent la silhouette fuselée des arbres. Ils tombent en ligne droite dans un mouvement continu, léger et pesant à la fois. La neige grimpe jusqu’au bas de ma fenêtre et se presse contre la vitre. On croirait que le niveau d’eau monte dans une pièce sans issue.
Je ne suis pas la première a avoir été séduite par ce roman, car il croule sous les prix, notamment le Prix du gouverneur général, le Prix littéraire des collégiens, le Prix littéraire France-Québec, le Prix Ringuet, le Prix de la relève Montérégie, le Prix des lycéens AIEQ-Suède-Estonie-BArcelone!!! Sans parler des prix pour lesquels il a été sélectionné ou a été finaliste.
Christian Guay-Poliquin, Le poids de la neige, La Peuplade, 2016, 296 pages