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Killing Ground (2017), Damien Power

Par Losttheater
Killing Ground (2017), Damien Power

Il y a quelque chose d’indéniablement angoissant et hostile dans le paysage australien. Le cinéma de genre s’en est largement inspiré : terre sauvage peuplée de nombreuses créatures qui risquent de s’en prendre à l’homme à chaque instant. Damien Power, le réalisateur de Killing Ground, est originaire de Tasmanie. Il sait qu’au-delà de la faune féroce qui habite son pays, il y a autre chose de beaucoup plus menaçant qui se cache dans l’ombre. A l’instar de son confrère Greg McLean, qui a lui aussi analysé les recoins sombres du territoire australien avec Wolf Creek ou Solitaire, Damien Power réalise avec Killing Ground un survival réaliste, cruel et radical.

Pourtant, l’histoire n’a rien de bien original. Un couple va s’aérer l’esprit le temps d’un week-end au bord d’un lac. Leurs voisins de tente semblent bien silencieux, jusqu’au moment où ils découvrent un bébé en pleurs abandonné. Prêts à alerter les secours, ils ne s’attendent pas à devoir affronter leur pire cauchemar. Le pitch de Killing Ground ne propose rien de très neuf sur le papier. C’est dans l’exécution que le film réussit son pari. L’humour est complètement mis de côté et Damien Power cherche à remuer les tripes de son spectateur grâce à une construction de son récit en crescendo. Le réalisateur ose prendre son temps, à poser les bases de ce qui mènera ses personnages en enfer, quitte à étirer un peu trop son récit dans sa première partie. Le cadre idyllique ne fait que jouer sur les apparences pour mieux bercer le contexte de son couple vedette, prêt à se demander l’un et l’autre en mariage. Sans en dévoiler la teneur, le film se construit sur un montage parallèle qui se concentre à la fois sur les chasseurs et ceux qui deviendront très vite les chassés. La terreur s’immisce dans le récit tel un serpent ne faisant qu’amplifier le malaise.

L’horreur est brutale dans Killing Ground. Les souffrances infligées aux personnages sont innommables, cependant le film ne joue jamais la carte du torture porn.  Damien Power a l’intelligence de laisser le pire arrivé dans le hors-champ et inflige au spectateur d’imaginer le pire. On nous laisse le souffle court face à tant de violence, et ce jusqu’au bout du film. Le scénario ne dévoilera d’ailleurs jamais les motivations des deux chasseurs, après tout le crime sans motif est beaucoup plus terrifiant. L’écriture ne pousse pas pour autant le développement de nos deux personnages principaux, mais cela suffit à éprouver de l’empathie lors de l’épreuve qu’ils vont traverser. L’excellence du film se trouve réellement dans son montage qui joue avec les points de vus, les repères de temps et accroisse le trouble et la nervosité. Killing Ground s’amuse avec nos attentes, de fait qu’on ne devinera jamais où va nous mener l’action, ni comment l’histoire se terminera, ni même si elle aura une fin heureuse ou non. L’ensemble permet à l’histoire de ne jamais s’essouffler et de nous laisser cramponné à notre siège jusqu’à la dernière minute. Certes Killing Ground ne fait pas dans l’inédit, cependant sa note d’intention est totalement respectée. Damien Power, dont c’est le premier long-métrage, assure un bel équilibre à représenter l’angoisse et l’horreur lorsqu’elle surgit subitement.

Killing Ground est visible sur la plateforme e-cinema depuis le 5 janvier 2018.

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