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[Critique] IN THE FADE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] IN THE FADE

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Titre original : Aus dem Nichts

Note:

★
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☆
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☆

Origine : Allemagne/France
Réalisateur : Fatih Akin
Distribution : Diane Kruger, Denis Moschitto, Samia Muriel Chancrin, Numan Acar, Johannes Krisch, Ulrich Tukur, Ulrich Brandhoff, Hanna Hilsdorf …
Genre : Drame/Thriller
Date de sortie : 17 janvier 2018

Le Pitch :
Katja, une jeune mère de famille comblée, voit brusquement son existence partir en lambeaux quand son mari, le Kurde Nuri Sekerci et son fils, sont tués dans un attentat. Après enquête, deux Néo-nazis sont arrêtés. Ce qui n’apaise en rien la soif de vengeance de Katja…

La Critique de In The Fade :

Précédé de la réputation flatteuse de son réalisateur, In The Fade a sérieusement divisé la critique au Festival de Cannes. Mais cela ne l’a pas empêché d’obtenir un Prix d’Interprétation (pour l’actrice Diane Kruger), puis plusieurs autres réceompenses par la suite dont, un Golden Globe du Meilleur Film Étranger. Que vaut alors le nouveau film de Fathi Akin ? Habituellement vanté pour sa finesse (notamment avec le triptyque tout en légèreté Head-On, De l’autre côté et The Cut), le cinéaste revenu au thriller se lance dans une démarche plutôt casse-gueule en dépit d’un matériau de base intéressant…

[Critique] IN THE FADE

German History X

In The Fade trouve son origine dans une histoire sordide. Pendant plus de dix ans, le NSU (parti national-socialiste souterrain), groupuscule néo-nazi nostalgique du 3ème Reich, a assassiné en Allemagne des immigrés turcs et grecs, ainsi qu’une policière. Leur modus operandi a longtemps mis les services de police sur la piste de règlements de compte mafieux ou de séparatistes kurdes. Lorsque, en 2011, le pays a découvert que pendant une décennie, des néo-nazis avaient pu perpétrer leurs sinistres forfaits sans être inquiétés, cela fut un scandale national. D’origine turque, Akin a ressenti le besoin de faire un film d’après cette affaire. Une œuvre très documentée…

Œil pour œil

Sur ce matériau qui pouvait en effet donner quelque chose d’intéressant, le réalisateur livre un constat au vitriol sur la société allemande et plus largement sur un certain contexte actuel. L’autre force d’In The Fade étant l’interprétation de Diane Kruger. Magnifique de courage et d’abnégation, l’actrice livre une prestation aboutie et démontre d’une large palette d’émotions. Viscérale, elle illumine la pellicule à chaque instant. Mais hélas, tout ça ne suffit pas pour faire un bon voire un grand film et ce qui aurait pu être un temps fort de cette année se prend méchamment les pieds dans le tapis.
La faute à un Fatih Akin qui veut trop bien faire, trop appuyer un discours quitte à prendre une direction discutable. Film en trois parties, In The Fade se révèle en effet par moments incohérent. Ce qui s’impose au départ comme un drame devient alors un film de procès. Ce qui donne à Akin l’occasion de marteler un discours binaire au sujet d’une société qui va protéger des bourreaux racistes du châtiment qu’ils méritent. Si le propos antiraciste est tout à fait normal, il est amené avec la finesse d’une armée d’éléphants qui font du pogo dans un magasin de porcelaine. On part alors de manière logique vers l’autre partie, qui suit la vengeance de l’héroïne. Un troisième chapitre plus court, plus bâclée, qui cristallise les plus gros défauts de In The Fade. C’est alors que le métrage part vers le vigilante. Un genre qui d’habitude appartient à la série B mais qui peut être parfois jouissif. Voir Diane Kruger péter la gueule à des néo-nazis pouvait s’avérer prometteur, mais comme bien des œuvres appartenant à ce genre, In The Fade finit par prôner des idées très borderline. Et alors qu’il aurait pu s’arrêter juste à la limite du terrain glissant, Akin décide d’enclencher le turbo et d’accélérer sur cette piste casse-gueule. On se retrouve alors avec une ambiguïté malsaine et un discours aussi irresponsable que débile. Alors, certes, il n’est pas le premier réalisateur à proposer les errements de personnages principaux qui franchissent la ligne jaune, mais il n’est ni Scorsese, ni Coppola. Il n’y a ici aucune stylisation (que du brut de décoffrage), aucune distanciation. À des idéaux nauséabondes et mortifères, il oppose d’autres postures indéfendables qu’il justifie à demi-mots. Multipliant les symbolismes foireux, la mise en scène réduite au minimum achève le tout.

En Bref…
In the Fade aurait pu être une œuvre intéressante, riche et documentée avec un message fort et nécessaire. Surtout avec la magnifique Diane Kruger au premier plan et une bande-originale signée Queens of the Stone Age. Mais au final, In The Fade est un film malade et hyper clivant. La faute à un parti pris balourd et ambigu et une mise en scène parfois incohérente.

@ Nicolas Cambon

In-the-fade
  Crédits photos : Pathé Distribution


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