Magazine Culture

(Anthologie permanente) Hélène Dorion, "Comme résonne la vie"

Par Florence Trocmé

Hélène Dorion  comme résonne la vieLes éditions Bruno Doucey publient Comme résonne la vie de la poète québécoise Hélène Dorion.
Extraits :

Entendrais-tu 1

Et si tu écrivais l'arbre des mémoires
entendrais-tu
ces voix proches
qui te racontent
comme des feuilles frêles
dans la chambre du passé
un murmure que tu confonds
avec les vagues, entendrais-tu
ces voix qui soulèvent les décombres
pénètrent la forêt de saisons
pour empoigner tes mots
entendrais-tu
cette voix blottie contre la tienne
qui connaît le ciel, connaît la falaise
trace devant toi de patientes aurores ?
/
De hauts oiseaux griffent la surface
écaillent le bleu, éparpillent
la beauté de la fête.
Leurs ailes labourent les secondes
frissonnent sous le courant
et pointent des horizons
encore invisibles, des passages
que le feu bientôt révélera.
Sans prévenir, ils s'inclinent
vers la terre
fragments de rien
qui se détachent
à la porte des heures.
/
Entendrais-tu 2
Et si tu écrivais la chambre des ombres
entendrais-tu
la voix que menace
son propre écho, un murmure dressé
contre le silence
s'engouffre dans la nuit
et s'étonne du vent qui écorche
la fenêtre, entendrais-tu
tes mots au bout de l'aube
si tu écrivais
ce qui brûle en toi ?
La voix halète, étouffe presque
la parole sans écho, l'amour
sans amour, le désordre
planté dans le temps
qui s'obstine jusqu'à demain.
/
L'histoire soulève une pierre, soulève la houle
incertaine d'ombres qui descendent
le long du fleuve apparaît l'étrangère
que je fus pour moi-même.
Ce corps, comme une géométrie du souvenir
— un tourbillon de brume, une branche malmenée —
remonte à la surface
de sa vie.
Une saison décline
comme se brise la lame des illusions.
Pour connaître la lumière
et son empreinte, un visage
s'abandonne à la nuit qui le lèche
le mord, le pousse
dans le jardin dévasté.
Plus loin que le feu, que la cendre
ce visage ne sait rien encore
qui s'étonne de la pluie
d'un brin d'herbe qui fait signe.
Hèlène Dorion, Comme résonne la vie, Editions Bruno Doucey, 2017, 80 p. 13€, pp. 28 à 31.
Hélène Dorion dans Poezibao :
au Grand Parquet (mars 06), remise du prix Mallarmé au centre culturel canadien (mars 06), lecture-rencontre au cercle Aliénor, carte blanche à Sylvestre Clancier, discours de remise du prix Mallarmé, extrait 1, extrait 2 , élection à l'Académie des lettres du Québec, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extraits 6 et présentation de Mondes fragiles, choses frêles, Le prix du Gouverneur Général (nov. 06), extrait 7, extrait 8


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines