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Lynchage sans arrière-pensée

Publié le 25 janvier 2018 par Paulo Lobo
Raison d'avoir peur ! Les docteurs sont nos amis. Quand on vient les voir, ils écoutent attentivement et compatissent à notre condition humaine. Le plus souvent, ils froncent des sourcils et se donnent un air solennel et grave, puis ils posent des questions concises et nous sommes tenus de leur fournir des réponses bien élevées. Au plus profond d'eux, tout ça n'est que protocole d'usage. Ils doivent surtout fixer le patient droit dans les yeux et lui faire comprendre à travers des messages non-dits qu'ils n'hésiteront pas à l'assigner en justice en cas de défaut de paiement. En même temps, le sermon d'hypocrite doit également imprégner le face-à-face. Le docteur est de la même extraction que son patient, tous deux savent bien que l'issue de leur existence ne peut être que fatale, quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent, au bout du chemin, il y aura toujours une main qui jettera de la terre sur le cercueil. Tout s'évanouira dans le néant, les souvenirs, souffrances, joies, peines, richesses, misères, tout disparaîtra. Qui sommes-nous d'où venons-nous où allons-nous de quoi sommes-nous faits pourquoi souffrons-nous pourquoi sommes-nous joyeux pourquoi mourons-nous quel est ce magma gluant dans lequel on baigne, dans lequel nous ne voyons que des interrogations. Le docteur, il sait tout cela, il sait qu'il ne peut pas changer le cours des choses, qu'il a devant lui un enfant un adolescent un adulte un homme mûr et que chacun se verra toujours apposer le mot fin sur son générique personnel.
Le docteur est utile cependant, il rassure, il fait semblant de nous donner des remèdes il nous dit ça ira mieux demain il nous dit soignez-vous bien, il nous souhaite bonne journée et bon rétablissement. Faut l'apprécier à sa juste mesure, ça devient de plus en plus rare d'avoir des personnes qui se préoccupent de notre avenir, proche ou lointain. En plus, on est remboursé par la caisse de maladie !

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