Après vous avoir parlé de King Gizzard and The Wizard Lizard, je me devais de continuer avec le sieur Ty Segall, autre petit jeunot surdoué qui transpire le rock'n'roll, avec tous les défauts et les qualités qui vont avec. Je m'explique. Le type est ultra-prolifique et sort des disques à raison d'au moins un tous les ans, quand ce n'est pas deux ou trois : en solo, avec des potes, dans des formations différentes. L'urgence, l'instinctivité semblent primer avant tout. Les influences partent tous azimuts, sans tri ni filtre. Sur ce gargantuesque "Freedom's goblin" qui contient pas moins de 19 titres, on peut entendre du heavy-metal lourd aux riffs super-puissants à la Black Sabbath, de la pop beatlesienne ou glam plus proche de T-Rex, de la disco déglinguée, du punk gueulard et brut de décoffrage - avec madame Segall au micro -, des sonorités jazzy avec un saxo savamment disonnant (le génial "The Main Pretender"), du blues planant proche de Pink Floyd, et puis malheureusement aussi quelques solos de guitare un poil pompeux et pompier. Bref, tout le monde y trouvera son compte. En même temps, tout le monde y trouvera aussi sans doute à redire. Ce disque a pourtant ce quelque chose en plus qui vous y fait revenir souvent, malgré les titres qu'on aime moins, parce qu'il fait preuve d'une improbable cohérence. On finit même par tout aimer. Sacrée performance et le premier grand disque de 2018 !