Rien ne ressemble plus à la planète plate que la planète plate.
Comme l'eau adore nager la planète est plate. Longtemps l'existence des confins de la planète rétrécissait l'idée parfaite et simple d'un infini pluriel de la planète plate. En la planète plate existent plusieurs dimensions et plusieurs espaces-temps. La planète plate est sans limite. Elle se multiplie, se modifie et s'agrandit. Au loin s'ajoutent encore d'autres lointains. Au plus loin des espaces et territoires de la planète se dessinent d'autres espaces à l'intérieur des territoires. La planète plate est extensible en ses limites puisqu'elle ne s'en connaît pas.
Ivre de ses mouvements la planète plate n'ignore rien des possibilités des révolutions. La planète plate danse une danse immobile où seules les perspectives d'infini se meuvent. Elle ne tourne pas sur elle-même. Elle ne refait pas sans cesse les mêmes chemins. Elle dévale ses propres espaces et les élabore en plusieurs espaces-temps. Elle est dedans et dehors elle-même. Elle est la matière constitutive de son être et tout en même temps celle qui regarde la matière et plus encore celle qui conçoit la matière. La planète plate tourne autour de l'idée de son corps de planète plate. Mais elle ne tourne pas sur elle-même. Parce que planète plate tout son être infini et infinitésimal bouge. Il ne gire pas. Il bouge. L'être planète plate est une transformation permanente mais n'est pas un retour à un point qui serait de départ. La planète plate n'a pas de commencements. Ivre d'elle-même, elle est. Elle danse mais ne tourne pas. Elle ne connaît pas, ni au début ni à la fin, l'horloge atomique.
Fabrice Caravaca, « Planète Plate, 5 », revue Catastrophes n°5
Le numéro 5 de Catastrophes paraît aujourd'hui.
On peut lire cette revue ici.
Avec des textes de Ezra Pound & Auxeméry, Christian Prigent, Eliot Weinberger, Laurent Albarracin, Pierre Vinclair, Serge Airoldi, Guillaume Artous-Bouvet, Fabrice Caravaca, Guillaume Condello, Joshua Ip, Julia Lepère & Fanny Garin, A.C. Hello, Leónidas Lamborghini & Aurelio Diaz Ronda, Claire Tching et Cyril Wong. Voici le sommaire