Après avoir parcourue la scène internationale de 1990 aux années 2000 en tant que DJ reconnue suivi d'un petit break dans sa carrière pour se focus sur sa vie personnelle et sa famille,fait son grand retour dans le game de la house music et avec la casquette de productrice cette fois en signant son premier EP " Walking La Mona " et la 2ème release du label de NICK V : Mona Musique. Pour l'occasion et curieux comme nous sommes, nous avons voulu en savoir plus sur elle, sa vision de la house music, cette EP avec Mona et ses projets à venir. Avant de vous jeter à corps perdu dans cette interview passionnante, on vous conseille d'écouter son mix réalisé en exclu pour le Limonadier. #pressplay #cheers
Tu étais DJ pro dans les années 90-2000. Tu peux nous dire comment était la scène à cette époque ? Quels changements notables as tu remarqué depuis ?
Dans les années 90, c'était la naissance d'un mouvement musical avec son envie de liberté et de nouveautés. En tant que DJ, c'était quelque chose d'extraordinaire de découvrir chaque semaine chez les disquaires la musique d'artistes tels que Lil Louis, Jovonn, Basic Channel, Moodymann, Carl Craig et tant d'autres. Il y avait une créativité qui semblait sans limite. Aujourd'hui, dans la production, être innovant est naturellement plus compliqué. De plus, la nouvelle génération se tourne fortement vers cette époque. Je peux le comprendre, et cela n'est pas pour me déplaire, tant je pense qu'il est important de connaître l'histoire de cette musique. De nombreux labels participent aussi à ce revival de styles. En tant que DJ et passionnée de musique, c'est néanmoins très excitant de découvrir ou redécouvrir plein de vieux disques.
Je suis également ravie de revoir à nouveau des Dj's / selectors derrière les platines et sur le devant de la scène, sachant que je considère qu'être DJ et producteur sont deux arts très distincts. Avoir le talent pour les deux disciplines n'est pas donné à tout le monde. Donc ces dernières années, je ne pouvais que regretter cette absence de Dj's non-producteurs dans les soirées. Je le comprends économiquement parlant, mais artistiquement, c'est parfois un peu plus compliqué à saisir. Mais au-delà des changements, on retrouve une belle dynamique et une énergie positive de la scène. Cela reste le plus important.
Quelles sont tes influences ? Ou les personnes marquantes pour toi ?
Originaire de Nice, il m'arrivait, adolescente, de franchir la frontière italienne pour aller acheter mes disques, et d'être ainsi confrontée à d'excellents Dj's locaux. Je pouvais les écouter des heures durant, tant les disques qu'ils jouaient me fascinés. J'écoutais aussi beaucoup la radio, des mixtapes de DJ's internationaux (Salut Mandrax!), et comme beaucoup, quelqu'un comme Laurent Garnier a joué un rôle majeur dans ma vision du métier de DJ : la notion de voyage musical, savoir lire un dancefloor, jouer tel morceaux à tel moment, prendre des risques, etc. Puis, c'est lors de ma première visite à NYC en 1997 que j'ai vraiment découvert la scène House locale, et que j'ai commencé à entrer en contact avec certains de ses acteurs. Enfin, quelques années plus tard, le fait de partager la même agence de booking que Kerri Chandler, Jovonn et quelques autres m'a vraiment rapproché d'eux. Leur influence a alors été majeure, aussi bien musicalement qu'humainement.
Pourquoi avoir mis ta carrière en pause ?
J'ai mis sur pause en 2007 car j'avais envie de construire autre chose dans ma vie personnelle. Au même moment, la scène ne me correspondait plus musicalement, avec peu de productions intéressantes. C'était vraiment compliqué. J'ai eu tellement de moments magiques en tant que Dj, que je n'avais pas de frustration à me concentrer sur une autre partie de ma vie.
Aujourd'hui tu marques ton grand retour en te mettant à la production, qu'est-ce qui t'as donnée l'envie de produire ?
L'envie de produire, je l'ai toujours eu. Mais c'était très difficile d'allier les DJ sets et ses voyages, la production, et l'éducation de ma petite fille. Quand je suis partie vivre en Suisse, j'ai commencé sérieusement mon apprentissage dans la production. Je n'écoutais que très peu de musique, et ne me tenais au courant de rien. J'étais juste dans cet apprentissage avec comme seul repère ma culture musicale.
Est-ce que tu as une routine de production ? Comment travailles-tu tes tracks ?
J'aime l'analogique, c'est évident. J'aime travailler le grain des morceaux, j'ai le soucis du détail et du positionnement afin de trouver le groove idéal. Je suis super lente mais mon seul intérêt est de faire un track que j'ai envie de jouer. Je fais un mix entre synthés analogiques et plugin. Kerri me disait qu'il était capable de refaire son classic " Get it off " avec des plugin en 2/3 heures, ça m'a calmé direct sur les achats de matos 😀 Il faut aussi du temps avant de bien exploiter ses machines. J'y consacre minimum 30 minutes par jour mais je ne persiste pas au-delà de deux heures si rien ne sort. Ma vie familiale, la musique, c'est un équilibre important.
Comment est né le projet de cet EP avec Mona musique ?
Mon ami Fred, qui s'occupe du shop Innerdisc, me disait de sortir ce morceau. Il a tout de suite pensé à Nick V et son label, Mona musique. Fred nous avait déjà mis en relation à l'époque vers 2004, on avait mixé ensemble à deux reprises. Nick est quelqu'un que je respecte beaucoup et que j'apprécie humainement. Il est venu mixer au shop, c'est Fred qui lui a donné, et Il a tout de suite accroché. Ensuite, je pensais plus à une idée de faire un EP, et je lui ai proposé " Intention " sur lequel je bossais depuis quelques temps. Ce disque, ce sont des mois de travail, je suis très heureuse de l'avoir fait avec Nick.
Peux tu nous parler de la collab avec Rich Medina ?
Au départ, " Imagine That " était un dub, ensuite, j'avais tenté une version vocale avec le Bonus Mix et l'envie de poser une voix masculine s'est rapidement imposée.
J'en ai parlé avec Kerri, je cherchais une voix très marquée, reconnaissable entre toute. Rich Medina était une évidence, j'avais usé jusqu'à la corde son maxi qu'il avait fait avec Dj Spinna. Kerri nous à tout de suite mis en relation.
Le track porte un message politique assez fort, peux-tu nous en dire plus sur son message ? Penses-tu que la house music devrait être plus engagée aujourd'hui ?
Il n'y avait pas d'intention politique au départ, j'avais convenu avec Rich d'écrire une chanson plus personnelle, une direction plus intime mais le lendemain matin des élections américaines, j'allume la télé et je vois que Trump a été élu. Honnêtement, ce fut un choc, j'étais scotché. J'ai envoyé instantanément un sms à Rich, je lui ai écrit, on change tout, écrit sur Trump ! Rich est engagé, je savais qu'il allait écrire quelque chose de puissant. Quand j'ai reçu les lyrics et sa voix, j'ai été impressionné, il a une écriture très forte. C'est un poète y compris dans la revendication.
" Ma vision de la House, c'est une musique dans laquelle tu dois ressentir quelque chose, ça doit pouvoir te rendre très heureux ou triste, te faire pleurer, danser etc. L'essentiel est de recevoir quelque chose. C'est la même vision que j'ai en tant que Dj, tu dois te sentir vivant en écoutant cette musique. "
Quelle est ta vision sur la place des femmes dans la musique électronique aujourd'hui ?
Je le disais déjà à l'époque, si tu as des choses à dire, que tu sois un homme ou une femme cela n'a finalement peu d'importance. Être une femme n'est pas une contrainte, il faut faire sa route et aller au bout de ses envies. Je n'ai pas envie d'avoir des regrets, c'est ce qui me fait avancer. Faut savoir trouver son leitmotiv et les moyens d'atteindre ses objectifs. Aujourd'hui, la seule chose qui me pose question, c'est la course aux réseaux sociaux. Je n'ai pas envie de poster 4 fois par jour pour gagner en notoriété. J'ai juste l'envie de partager du plaisir, simplement.
En tant que Dj ? Des envies ?
Je suis Dj dans l'âme, j'ai retrouvé l'énergie de mes 20 ans. Ce break m'a fait le plus grand bien. J'ai recommencé à mixer il y a 3 ans quand le projet Innerdisc se préparait. J'ai eu des soirées superbes récemment, dans des endroits alternatifs, ou des clubs en Suisse. Quand vous avez cela dans le sang, ca revient immédiatement. J'achète à nouveau énormément de disques, bref, je m'éclate vraiment.
Tes trois morceaux pour retourner un dancefloor ?
Tout dépend de la soirée. Un morceau peut rencontrer efficacement son public un soir, parce qu'une alchimie ce sera créée avant, et ne rien retourner du tout un autre soir. Ou c'est comme ces morceaux qui n'ont pas cette étiquette de " peaktime " au départ, mais qui peuvent créer une communion unique à l'arrivée. C'est tout le travail du DJ de savoir créer ces rencontres.
Quelles sont les artistes que tu apprécies ?
Chez les DJ's, chacun dans leur genre, l'italien Volcov, Intergalactic Gary, DJ Deep ou O.Xander & Vincent du duo Grand Boulevard à Toulouse. Côté production, J'apprécie Pascal Viscardi qui est curieux et ouvert, cela se ressent dans sa musique. J'attends avec impatience le nouvel album d'I:Cube. Celui de Ripperton en territoire ambient, chez ESP Institute est sublime. Le nouveau Chloé est très réussi aussi. J'écoute de tout pour y puiser mon inspiration même si mon domaine de prédilection restera toujours la House.
Est-ce que tu as des projets à venir sur lesquels tu souhaiterais communiquer ?
J'ai un nouvel EP qui est signé, j'y tiens beaucoup, c'est House mais différent de celui sur Mona. Je l'avais fait durant l'été et ça s'entend. Je travaille aussi sur un remix. J'ai terminé un autre EP, mais je ne me suis pas posé la question de ce que j'allais en faire, je n'ai pas de plan, et ça me va comme ça.
Enfin la spéciale du Limonadier, si tu étais une boisson/un cocktail tu serais quoi ? Pourquoi ?
Un diabolo fraise. Je n'ai jamais bu d'alcool. C'est un problème en club, trouve moi un diabolo fraise, pas facile...;)
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MONA MUSIQUE
Pour chopper online son EP sur Mona Musique, c'est par ici :Deejay : https://goo.gl/gDBzGk
Innerdisc : https://goo.gl/zKBYJp
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