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[Critique] SPARRING

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] SPARRING

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Note:

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☆

Origine : France
Réalisateur : Samuel Jouy
Distribution : Mathieu Kassovitz, Olivia Merilathi, Souleymane M’Baye, Billie Blain, Lyes Salem, Ali Labidi…
Genre : Drame
Date de sortie : 31 janvier 2018

Le Pitch :
Steve, un boxeur de 45 ans, galère depuis toujours pour s’imposer sur les rings. Comptabilisant beaucoup plus de défaites que de victoires, il continue néanmoins à s’accrocher. Quand l’occasion se présente de devenir le sparring-partner d’un grand champion, Steve accepte…

La Critique de Sparring :

Première réalisation de l’acteur Samuel Jouy, Sparring est comme tous les films réussis qui parlent de boxe : en fait, ce n’est pas tant de boxe dont il s’agit. Vous voyez la nuance ? Car au fond, c’est pour cela que ce sport est certainement le plus cinégénique. Parce qu’il permet d’aborder bien des thématiques puissantes et fédératrices, de faire des métaphores et autres allégories, tout en s’accrochant à des personnages qui reçoivent et portent les coups pour avancer dans des vies souvent cabossées dans lesquelles il est parfois simple de se reconnaître. Même si il n’est en rien nécessaire de se projeter pour apprécier à leur juste valeur les classiques que sont Le Champion, Nous avons gagné ce soir, Rocky, Raging Bull ou Fighter.
Voici donc la bonne nouvelle : aborder la question de Sparring en évoquant certes les glorieux chefs-d’œuvre du film de boxe sans souligner de prime abord l’influence écrasante de ces derniers mais en mettant plutôt d’abord en exergue les points communs qu’ils partagent tous.

Sparring

Dans les cordes

Sparring part d’une idée de base aussi simple que bien vue : parler de ces boxeurs qui perdent plus qu’ils ne gagnent mais qui continuent à monter sur le rings pour se prendre des gnons, habités qu’ils sont par une passion qui les pousse à insister malgré tout, envers et contre tous. Dans le rôle de celui qui encaisse et qui accepte de devenir le sparring-partner d’un champion pour mettre du beurre dans les épinards, Mathieu Kassovitz. Un acteur qui s’est complètement fondu dans le personnage, soulignant de son jeu plein de sensibilité les inflexions d’un scénario en forme de récit de survie au cœur d’une société qui offre plus qu’à son tour des chances de se retrouver au tapis. Comme dans Rocky donc, il est question de se relever pour affronter la vie dans ce qu’elle peut avoir de plus dur. Mais Sparring parvient à s’extraire de l’ombre des références pour trouver sa propre voie. En prenant soin, avec une volonté qui parfois, le force à prendre des postures un peu trop « voyantes », à éviter toute forme de sensationnalisme. Samuel Jouy, le metteur en scène, ayant insisté sur le fait qu’il tenait à éviter de s’attarder sur les combats pour davantage mettre en lumière ce qui se déroule hors du ring, à savoir l’entraînement, les luttes du quotidien et tous les questionnements que tout ceci entraîne. Et si on sent en effet par moments, que Sparring prend certaines directions pour justement esquiver les lieux communs du genre, sans que cela ne serve automatiquement l’histoire, on apprécie sa façon de faire preuve de simplicité, de manière à souligner la rudesse et l’âpreté du propos. En d’autres termes, Sparring prend beaucoup de peine pour faire valoir son discours et pour ne pas suivre la voie que d’autres ont balisée avant lui. Y compris au niveau de la mise en scène, volontairement un peu en retrait lors des combats.
Au final, si le film a un peu de mal à dégager ce souffle caractéristique des incontournables cités plus haut, il gagne en singularité et encourage lui aussi l’empathie pour ses personnages tout en restant très proche d’eux, sans cesser de nourrir une rythmique qui lui permet de tenir l’ennui à distance 1h30 durant.

Victoire aux poings

Cette tendance à ne jamais trop en faire assure à Sparring de mener à bien tous ses objectifs mais l’empêche de briller avec la même intensité viscérale que les œuvres citées plus haut ou même que des films comme The Wrestler, dont la démarche se rapproche pourtant un peu de celle adoptée par Samuel Jouy. Ce désir de conserver du réalisme sans oser des fulgurances qui auraient pu le faire sortir du cadre lui interdit une victoire par K.O, mais pas une victoire aux points assez nette. Car outre ce caractère un peu timoré, qui devrait néanmoins plaire à certains, Sparring est plus qu’à son tour valeureux. Son histoire, puissante, aborde des thèmes forts. La résilience, la paternité, avec les interrogations au sujet de l’héritage que nous laissons aux générations futures, le courage et la volonté. Tout ceci est au centre de Sparring. Un film qui ne se démonte jamais, par moments émouvant, toujours très sensible, à l’écoute de ses personnages et de leurs rêves, connecté avec la réalité mais aussi attentif à cette petite voix qui comme il l’affirme, finit par différencier ceux qui ont le « truc » de ceux qui ne l’ont pas.
Et d’ailleurs, ce fameux « truc », Sparring le possède, c’est indéniable et c’est une excellente nouvelle pour le cinéma français.

En Bref…
Drame âpre et réaliste, Sparring possède quelque chose de fascinant, en cela qu’il parvient à s’extraire de l’écrasante influence des films du genre pour tracer sa voie. Non sans trébucher parfois mais parvenant toujours à se relever, à l’instar de son personnage central magnifiquement interprété par un Mathieu Kassovitz habité. Un film d’une grande finesse, intelligent et donc parfaitement recommandable.

@ Gilles Rolland

Sparring-Mathieu-Kassovitz
  Crédits photos : Europa Corp.


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